310.000 euros nets par an pendant 25 ans, issu d'un fonds de retraite approvisionné à hauteur de 20,968 millions d’euros. Voilà la pension de retraite qu'a octroyée la direction de PSA Peugeot Citroën à son président-directeur général Philippe Varin, une somme qui s'ajoute à sa retraite. Des montants astronomiques, à l'image de ce que reçoivent plusieurs centaines de cadres dirigeants en France. M. Varin bénéficiera de cette « retraite-chapeau » après seulement cinq ans à la tête de cette entreprise, qu'il a été incapable de redresser. Rappelons en effet que le constructeur automobile est toujours en difficulté, puisque 8.000 emplois ont été supprimés l’an dernier et qu’une usine à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) doit encore fermer prochainement. En outre, le groupe a signé il y a quelques semaines un accord avec les partenaires sociaux prévoyant des gels de salaires en vue de sauvegarder des emplois. Petits éléments de réflexion sur la dérive d'un système économique devenu fou, que nos dirigeants semblent incapables de repenser.
PSA Peugeot Citroën : la partie émergée de l’iceberg
Comme à leur habitude, les médias auront su nous montrer toute leur capacité de réflexion autour du cas du PDG Philippe Varin. Pourquoi poser les questions de fond sur la situation de l'entreprise ou sur la répartition des richesses dans notre pays, quand on peut se contenter de faire du buzz ? Rares auront été les émissions TV ou radio ayant offert un débat constructif. L'attention portée sur la retraite-chapeau de Philippe Varin aura fait oublié qu'en 2012, le même constructeur-automobile a déjà provisionné pour six de ses dirigeants un fonds de retraite d'un montant total de 69,9 millions d'euros (dont font partie les 21 millions de Philippe Varin), et cela dans un contexte de licenciements et de gels de salaires à répétition.
Quant à M. Varin, il n'a nullement renoncé à sa retraite-chapeau, contrairement à ce que les médias nous ont répété. Lors de sa conférence de presse le 27 novembre dernier, l'intéressé a habilement déclaré « renoncer aux dispositions actuelles de [ses] droits à la retraite ». Il ajoutait dans la foulée : « Je m'en remets au conseil de surveillance du groupe pour décider quand le moment sera venu, et après avis du haut comité de gouvernement d'entreprise, des conditions appropriées de mon départ à la retraite ». Sauf qu'à n'en pas douter, Philippe Varin n'a que des amis au sein du conseil de surveillance ou du haut comité d'entreprise. Le mélange des genres, entre entrepreneurs, dirigeants, actionnaires, administrateurs, est désormais fréquent. Les individus se connaissent, se concèdent réciproquement des rémunérations exponentielles et constituent une catégorie d'individus hors-sol (sans attache à l'entreprise ni à un territoire) et déconnectés des travailleurs qu'ils emploient. D'ailleurs, qui peut croire que M. Varin qui a accepté une rémunération de 1,3 million d'euros par an – sans cas de conscience malgré la situation de l'entreprise – reviendra de son propre chef sur une telle retraite ? En sacrifiant le soldat Varin (au moins en apparence), la direction de l'entreprise sauve un système qui permet de telles dérives. Ce n'est que partie remise, car nul doute que le futur retraité ne partira pas les mains vides.
Il a fallu que la CGT de l'usine de Sochaux attire l'attention sur une clause du rapport annuel de 2012 du groupe pour que l'on se saisisse de l'information. Qu'a fait le gouvernement jusque-là, alors qu'il savait évidemment l'existence de ce fonds de retraite, puisque l’État demeure actionnaire (à travers des institutions financières publiques) au sein du groupe ? Il n'a pas davantage agi avant cette séquence médiatique qu'il ne l'a fait après. Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances, s'est contenté de qualifier la retraite-chapeau d’« inappropriée », et Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, d’« inacceptable » – les électeurs de gauche apprécieront le degré de révolte des deux ministres.
Aucune initiative n'est prévue pour remettre en cause un système de rémunération qui permet ce type de dérive, l’exécutif se refusant à légiférer sur la rémunération des dirigeants d'entreprise du secteur privé. Il privilégie une « autorégulation exigeante » à travers un renforcement du code de gouvernance édicté par le MEDEF et l'Association française des entreprises privées (AFEP). Concernant les revenus dans les grands groupes publics, une législation a bien été adoptée en 2012, constituant une première pierre dans le débat. Elle n'a toutefois rien de très révolutionnaire, puisqu'elle se contente de plafonner le salaire des patrons du public à 450.000 euros bruts par an, soit 37.500 euros bruts par mois – l'équivalent de vingt-huit fois de montant du SMIC, et vingt fois la moyenne des plus bas salaires.
Les Suisses échouent à nous montrer la voie… mais ouvrent au moins un débat
Le 3 mars 2013, l'initiative populaire dite « contre les rémunérations abusives » était approuvée par le peuple suisse à 67,9% des voix. Outre d'obliger toute société anonyme suisse à faire voter l'ensemble des rémunérations « du conseil d'administration, de la direction et du comité consultatif » par son assemblée générale, elle interdit les indemnités de départ, les rémunérations anticipées, ainsi que les primes d'achat ou de vente d'entreprise pour les membres de ces instance, sous peine de trois ans de prison (maximum) et d'une amende pouvant atteindre « six rémunérations annuelles ». En bref, interdire les parachutes dorés et les retraites-chapeaux.
Précisons tout de même les termes employés. Une retraite-chapeau est financée intégralement par l'entreprise, exonérée de cotisations sociales et de la contribution sociale généralisée. On la distingue d'un parachute doré, qui est une prime de départ prenant la forme d'une clause contractuelle qui fixe les indemnités versées lors d'une éviction, entre un dirigeant d'une société anonyme et l'entreprise qui l'emploie. Près de 260 entreprises cotées en bourse sont concernées par la votation suisse, qui a représenté une initiative audacieuse susceptible de montrer la voie à d'autres pays européens – c'était sans doute trop espérer de François Hollande.
Nos voisins helvétiques ne sont toutefois pas dénués de contradictions. Le 24 novembre dernier, un nouveau référendum entraînait le rejet à 65,3% des voix de l'initiative « 1:12 - Pour des salaires équitables », qui prévoyait que l'écart salarial dans une même entreprise se situe dans une fourchette maximale de 1 à 12, autrement dit que le salaire le plus élevé ne puisse pas dépasser douze fois le salaire le plus faible. Pour aboutir à l'échec de cette initiative lancée par la Jeunesse socialiste suisse, le gouvernement et les principales entreprises concernées (Novartis, Roche, Nestlé, UBS, etc.) ont mené une campagne active – et sans doute coûteuse (plusieurs millions de francs suisses selon le site Inequalty.org). Information du quotidien Le Monde, des salariés de multinationales comme Nestlé ou Novartis auraient même rendu publics des courriers et circulaires internes incitant le personnel à voter contre l'initiative. Alors que les sondages donnaient le oui gagnant au début de la campagne, les Suisses semblent avoir cédé à la menace de délocalisation. Avec moins de 3% de chômage et un endettement public largement contenu, ils se sont montrés soucieux de préserver leur modèle économique. Pourtant, la mesure rejetée n'aurait concerné que 1,5% des entreprises établies en Suisse, selon une étude indépendante du Centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique de Zurich, et les secteurs concernés, hautement compétitifs, n'auraient sans doute pas tant souffert que cela de la menace du grand patronat suisse.
Le référendum de novembre était pertinent, pour deux raisons au moins. La première relève du bon sens : dans une même entreprise, un individu ne peut pas (ne doit pas) gagner en un mois plus qu'un autre en un an. Ce qui n'exclut pas, dans l'ensemble de la population, des écarts de salaire supérieurs, mais au moins au sein d'une même entreprise, on instaure un minimum d'équité. Question de justice. Le principe est simple : aucun travail ne justifie de tels écarts, car tous participent à la prospérité de l'entreprise. En outre, l'accumulation de richesses par certains se traduit par une plus grande privation pour d'autres.
La deuxième raison est plus complexe. L'initiative touchait aux salaires du haut patronat sans pour autant remettre en cause les rémunérations des actionnaires, et en l'occurrence, l'initiative suisse visait indirectement à différencier les deux. Elle avait le mérite de réaligner les revenus des patrons sur ceux des salariés. Rappelons qu'il y a plus d'un siècle, le grand banquier américain John Pierpont Morgan (1837-1913) affirmait ne pas prêter à une entreprise si son patron gagnait plus de vingt fois le salaire de ses salariés, car un tel écart avait un impact négatif sur le moral de l'entreprise. Beaucoup plus tard, John Davison Rockefeller (1839-1937), industriel américain fondateur du puissant empire économique et financier du même nom, prônait une fourchette maximale de 1 à 40 au sein d'une même entreprise.
Et de fait, cette situation prévalait aux États-Unis jusque dans les années 70. Comme l'expliquait le 2 décembre dernier sur France 2 l'économiste Daniel Cohen : « Quelle est la situation aux États-Unis aujourd'hui ? [L'écart] est de 1 à 350. Donc il s'est passé en trente ans quelque chose de nouveau, par rapport à l'éthique générale du capitalisme. [...] Jusqu'aux années 80, les patrons étaient en réalité des "salariés comme les autres", c'est-à-dire qu'ils étaient dans des grilles de salaire [...]. Et à cette époque-là, dans les années 50, 60, 70 encore, jamais un patron n'aurait considéré qu'il puisse s'augmenter lui-même sans augmenter en même temps ses ouvriers. Ils étaient dans un rapport de complémentarité, et il y avait d'une certaine manière une chaîne, qui allait de l'ouvrier au contre-maître, à l'ingénieur, au cadre-dirigeant et au patron. [Ce lien] a été brisé dans les années 80 par [...] la "révolution financière", qui est partie des États-Unis et s'est répandue ailleurs, et qui a tout simplement consisté à "sortir" les patrons du salariat, pour les rémunérer comme des actionnaires – avec des stock-options, des actions gratuites, etc. L'idée étant précisément de casser ce lien implicite qui existait et [d'inciter] les patrons à augmenter la valeur de la bourse, le cas échéant en réduisant les salaires. Et cette dissociation qui s'est produite est le cœur du capitalisme dans lequel on est aujourd'hui. Les patrons ont créé une rupture de traitement par rapport à [...] leurs salariés. [...] Quand on regarde [...] l'évolution des salaires des patrons, aux États-Unis comme en Europe, ils ont augmenté tout simplement à proportion de l'augmentation de la Bourse. » Dans les années 80, la financiarisation de l’économie a donc favorisé un alignement des revenus du patron sur ceux des actionnaires. Le dirigeant d'entreprise partage désormais avec l'actionnariat les mêmes intérêts, voire les mêmes valeurs. Problème : stimuler le cours de la bourse passe parfois par la mise en œuvre de « plans sociaux » qui se traduisent par des gels ou des baisses de salaires et par des licenciements. Ajoutez à cela l’ouverture des frontières commerciales à l'international, et donc la possibilité de délocaliser, et vous avez un cocktail explosif dont les salariés sont les principales victimes.
Ce constat vient renforcer le sentiment d'injustice lié aux écarts de salaires, puisque la prétendue compétence des grands patrons, qui sert souvent à justifier leur haut niveau de revenus, est partiellement factice car basée sur un secteur financier déconnecté de l'économie réelle. Ainsi l'explique Daniel Cohen pour qui l'augmentation virtuelle des cours boursiers a abusivement boosté les rémunérations patronales : « Quand on regarde ce qui s'est passé aux États-Unis au cours de ces trente dernières années, la bourse a été multipliée nominalement par 17 – en bref, l'indice de l'agence Standard & Poor's valait 100, il vaut 1.700 [moins sans doute si l'on prend en compte l'inflation]. La bourse a augmenté, pour un tiers à cause de l'augmentation des profits, et pour deux tiers à cause de quelque chose qui n'a absolument rien à voir : la baisse des taux d'intérêts a provoqué une explosion [...] du prix de tous les actifs – tous les gens qui cherchent à se loger à Paris savent que le prix des actifs est beaucoup plus élevé. Donc ça veut dire que pour les deux tiers, cette augmentation de la rémunération des patrons n'a en fait rien à voir avec les choses qu'ils ont contribué à produire, et tout à voir avec le fait que, passant du côté de la Bourse, ils ont profité de ces excès. »
Tel était donc le double objectif de l'initiative suisse de novembre : limiter les écarts de salaires et ramener le patron dans le monde de l'économie réelle. Si les Suisses ont cédé aux menaces patronales, nos voisins ont au moins le mérite de débattre. En France, poser la question des écarts de revenus revient à être assimilé à l'extrême-gauche, dont le discours est systématiquement décrédibilisé par les chantres de la pensée unique. Les partis de gouvernement, mais aussi nombre de journalistes, sont les premiers à justifier les injustices sociales les plus aberrantes par des impératifs de rigueur budgétaire et de réformes libérales, et par le caractère soi-disant irréversible de la mondialisation.
Les excès sont d'autant plus absurdes qu'ils créent un climat d'hostilité général vis-à-vis de l'ensemble du corps patronal, y compris des chefs de petites et moyennes entreprises que l'on doit évidemment distinguer des grands patrons. Dès lors, toute mesure favorable aux entreprises est perçue comme un soutien au grand capitalisme mondialisé, même quand elle concerne des entrepreneurs plus « petits » susceptibles d'embaucher.
L'extrême-gauche a-t-elle le monopole de la raison ?
Loin de nous l'idée ici de faire les louanges de l'extrême-gauche française. Toutefois, force est de constater qu'elle fait preuve sur cette question d'un bon sens qui fait cruellement défaut à l'ensemble de la classe politique, en France comme en Europe. Rares auront été celles et ceux capables de faire émerger du cas Varin une vraie réflexion sur les écarts de salaires dans notre société – remercions en passant Yves Calvi pour avoir mené sur France 2, le 2 décembre dernier, l'une des rares émissions approfondies sur le sujet. Les deux leaders d'extrême-gauche que sont Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Olivier Besancenot (NPA) ont été les seuls à pointer du doigt le tour de passe-passe dialectique qui a permis à M. Varin de sortir du lynchage médiatique en feignant un renoncement de sa retraite-chapeau. Surtout, ils ont dénoncé le système de fixation des rémunérations dans les conseils d'administration des sociétés du CAC 40. Ils ont par ailleurs rappelé avec raison les incohérences du gouvernement, qui a octroyé à PSA Peugeot Citroën un crédit d'impôts-compétitivité d'environ 70 millions d'euros (officiellement dans le but d'alléger le coût du travail dans l'entreprise), un chiffre à mettre en perspective avec les 69,9 millions d'euros du fonds de retraite de ses dirigeants...
Pourtant, pas besoin d'adhérer aux thèses communistes pour accorder nos violons avec ce qui semble relever du bon sens. Droite et gauche portent un discours fataliste qui pousse à l'immobilisme, comme si les menaces du patronat suisse avaient d'ores et déjà été intégrées en France. Et comme si la situation économique déterminait nos choix politiques, et non l'inverse. Pourtant, nul doute que les craintes sont excessives. Comme le disait Jean-Luc Mélenchon le 29 novembre dernier, « eux [comprendre : les dirigeants du CAC 40] arrivent à trouver des ouvriers qui coûtent moins cher, [nous pouvons] trouver des patrons qui coûtent moins cher. […] Dans cette boîte, si le numéro 2 ne veut pas être moins cher, on ira chercher le numéro 3. Et si ce n’est pas le numéro 3, [ce sera] le numéro 4. » De fait, à l'échelle individuelle, personne n'est indispensable à la bonne marche de notre économie. Rappelons que la mise en place d'un plafond salarial dans les entreprises publiques n’a pas entraîné une fuite de leurs dirigeants, ni d'Henri Proglio à EDF (1,17 millions d'euros bruts de salaire en 2010), ni de Pierre Graff, patron d'Aéroports de Paris (736.000 euros bruts en 2011), ni même de Luc Oursel à AREVA (qui devait gagner plus de 600.000 euros bruts à son arrivée en poste, pour l'année 2012), pas plus que de Jean-Paul Bailly à La Poste (609.000 euros bruts par an). Tous touchent à présent un salaire annuel de 450.000 euros.
Accepter des niveaux de revenus dépassant l'entendement est absurde, pas besoin d’être sympathisant d'extrême-gauche pour le comprendre. Mais le rouleau compresseur médiatique se plaît à ranger les individus et les idées dans des cases, au risque d'appauvrir le débat public. Rappelons qu'à l'occasion de la campagne présidentielle de 2012, le Front de gauche prônait l'établissement d'un écart de salaires maximum de 1 à 20 au sein d'une même entreprise. Folie communiste ? Ce système économique n'est-il pas lui-même devenu complètement fou, pour que nous considérions comme une mesure radicale l'idée de limiter à une fourchette de 1 à 20 les écarts de revenus (encore loin du rapport de 1 à 12 proposé en Suisse le mois dernier) ? Pour reprendre le mot du dirigeant du Front de gauche, « on s’est habitué à ce que des gens gagnent des sommes astrales, et ils ne valent pas ce prix-là ».
Encadrer les écarts de salaire par la loi n’a rien de révolutionnaire. Mais une sclérose intellectuelle ambiante nourrie du politiquement correct empêche de repenser notre modèle de société, tuant dans l’œuf toute idée un peu novatrice ou « décalée ». Même quand celle-ci est raisonnable, voire juste. Que dire de la proposition du Front de Gauche en 2012, de rétablir les treize tranches sur lesquelles était basé l’impôt sur le revenu jusque dans les années 1980, alors qu'elles permettaient une meilleure progressivité que les six tranches actuellement en vigueur (merci aux gouvernements Villepin et Fillon pour le fameux « bouclier fiscal ») ? Rien de très innovant, puisqu'une telle idée consacrerait à peine un retour en arrière louable, et pourtant, elle n'est même pas posée sur la table. Il n’y a qu’à voir le tremblement de terre médiatique qu’avait provoqué, toujours en 2012, le projet de François Hollande d’établir une tranche d’imposition provisoire de 75% sur la part des revenus dépassant un million d’euros par an – une proposition finalement abandonnée en tant que telle...
De fait, pas plus que la question d'une imposition visant à limiter l’accumulation de richesse, celle des écarts de revenus n'est posée dans le débat public. Et sur ce sujet comme sur tant d’autres, les médias jouent un rôle déterminant et profondément contre-productif sur le plan de la réflexion. Adeptes d’une pensée unique qui consacre la mondialisation actuelle comme un fait accompli, les journalistes – et nos politiciens, ne les dédouanons pas – font preuve d’une faiblesse intellectuelle qui accentue le fossé d’incompréhension entre les citoyens et nos dirigeants, souvent déconnectés des réalités sociales du pays. Se joue la question de notre modèle de société : quelle solidarité, quelle organisation du travail, quelles relations entre patrons et salariés, quel degré de répartition des richesses créées souhaite-t-on ? À ces questions, pas d’idées, pas de perspective heureuse, pas de progrès humain, à peine « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » pour survivre à une mondialisation dont on ne veut pas.
À ce sommeil des idées, on peut prédire un réveil brutal. Peu probable qu'il profite à une extrême-gauche divisée et en manque de crédibilité.