Par David Brites.
C’était le 14 juillet dernier, à Vienne. L'Iran et les six puissances que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, sont parvenus à trouver un compromis concernant le dossier du nucléaire iranien. Enfin ! Après douze ans de négociations plus que laborieuses, et l’échec de cinq cycles de négociations, à Genève, à Istanbul, à Bagdad, à Moscou et au Kazakhstan… À l’issue surtout d'un énième cycle de discussions de 21 mois, qui s’est cette fois-ci achevé sur un accord.
À l'origine de la brouille : les États-Unis et leurs alliés soupçonnaient Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que l'Iran a toujours nié, affirmant que son programme d'enrichissement d'uranium n'avait pour finalité que de se doter du nucléaire civil. L'Iran doté de l'arme nucléaire, dans le contexte de la présidence d'un Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) appelant à la destruction d'Israël, voilà un scénario qui eût été inacceptable pour les puissances occidentales. D'où la vague de sanctions économiques et commerciales adoptées ces dernières années contre l'Iran au niveau international.
En termes géopolitiques, l'accord du 14 juillet, couplé à l'incapacité des forces occidentales à endiguer l'État islamique en Irak et en Syrie, vient bouleverser encore davantage les rapports de force au Moyen-Orient, et bousculer les lignes de front diplomatiques qui opposent, dans une sorte de nouvelle Guerre froide, le trio Moscou-Pékin-Téhéran à Washington.
Entre Iran et Israël
rgueil et préjugés
La montée des tensions entre l'Iran et le duo États-Unis-Israël a fait craindre l'éclatement d'un conflit dans la région, au mieux limité à quelques frappes américano-israéliennes sur des cibles en Iran, au pire qui prenne une dimension globale et régionale, voire qui entraînerait une troisième guerre mondiale. Par le passé, Israël a déjà réalisé des frappes ciblées contre des sites militaires (ou présumés l'être) dans des pays considérés comme une menace pour sa sécurité, voire pour sa survie à long terme. Ainsi, en juin 1981, un bombardement permit de détruire partiellement le réacteur nucléaire du
. En septembre 2007, le raid sur Al-Kibar, dans la province de Deir-Ezzor, dans l'est syrien, détruisit le réacteur bâti par le régime de Bachar el-Assad, quelques semaines avant qu'il ne devienne opérationnel.Divers organismes de recherche américains et, en France, le Centre national de la Recherche scientifique, ont étudié cette question pour chercher à comprendre quelle était la marge de man
vre militaire de Tel-Aviv. En dépit de la force de frappe de l'État hébreu, divers facteurs rendaient (et rendent) complexe une telle opération. Depuis plusieurs années, Israël s'est certes doté deDes dizaines d’installations sont dispersées sur le territoire iranien. Les sites les plus importants sont : le centre de recherche d'Ispahan ; l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz ; l'usine de production d'eau lourde d'Arak ; et le réacteur de Bouchehr, au bord du Golfe Persique. Le site de Fordow, construit sous terre dans une montagne près de la ville de Qom pour le protéger des bombardements, a été dévoilé en 2009. À cela s'ajoute la base militaire de Parchin, près de Téhéran, sur laquelle l’Iran est soupçonné d’avoir conduit des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe atomique.
Face aux menaces de frappes ciblées, Téhéran a joué la carte de l'escalade tout au long de la présidence d'Ahmadinejad. En mai 2011, l'Iran réalisa la plus grande manœuvre de l'histoire de sa flotte, qui s'acheva par des tirs simultanés d'une trentaine de missiles sol-sol. En février et mars 2012, deux navires de guerre iraniens entraient en Méditerranée et y manœuvrèrent plusieurs semaines. De son côté, la diplomatie israélienne n'exclut jamais la possibilité de mener une action aérienne contre les sites nucléaires iraniens. Sans frontière commune avec l'Iran, et sans appui – outre un soutien logistique – des États-Unis, ce fut et c'est encore la seule option militaire qui s'offre à Israël. Dans un rapport prospectif publié le 29 mai 2013, deux militaires, un général américain, James Cartwright, et le général de réserve Amos Yadkin, ancien chef des renseignements militaires des forces de défense israéliennes et chef d’état-major de l’armée de l’air israélienne, recommandent, outre le choix de « frappes chirurgicales, que celles-ci soient menées par l’armée américaine, et non par Israël, pour au moins deux raisons. 1) Même si « les États-Unis ne possèdent aucune expérience de ce type de frappe, à la différence d’Israël », écrivent-ils, « la supériorité des capacités militaires américaines – au nombre desquelles figurent les bombardiers furtifs B2, les avions ravitailleurs, les drones sophistiqués et les bombes pénétrantes de 15 tonnes – serait plus à même d’endommager les objectifs iraniens ». 2) Au contraire d’une action de Tel-Aviv, qui exigerait que les appareils israéliens franchissent l’espace aérien d’au moins deux pays étrangers, une attaque américaine pourrait être menée directement à partir de bases militaires ou de porte-avions des États-Unis dans le Golfe ou ailleurs.
Mais maintenons l’option de frappes israéliennes, puisque jusque récemment, c’est ce scénario qui restait le plus probable en cas de recours à la force contre Téhéran. En face, l’Iran pourrait envoyer des missiles balistiques sur Israël en représailles. On se rappelle que l'Irak de Saddam Hussein n’avait pas hésité à envoyer plusieurs missiles SCUD sur Tel-Aviv et Haïfa en janvier 1991, en pleine Guerre du Golfe. Outre une riposte ponctuelle de ce type, potentiellement couplée par des tirs de roquette lancés par son plus proche allié, le Hezbollah (ce qui pourrait alors entraîner le Liban dans le conflit), une escalade de la violence pourrait provoquer une réponse plus globale de la part des forces iraniennes. Ainsi, le 27 décembre 2011, en pleine manœuvre de sa flotte navale, Téhéran menaçait de fermer le détroit d'Ormuz en cas de sanctions visant ses exportations de pétrole, une option tout aussi envisageable en cas de conflit régional, mais qui là-aussi, pourrait entraîner une riposte sévère, et d'Israël, et surtout des États-Unis.
Plus globalement, on peut retenir que des frappes préventives israéliennes, voire américaines, contre les installations nucléaires iraniennes, outre d'avoir un impact potentiellement limité sur le processus d'acquisition de l'énergie atomique par Téhéran, aurait surtout eu un effet totalement contre-productif en termes diplomatiques. Car bien sûr, une telle attaque aurait achevé de convaincre l'Iran de la nécessité de se doter d'une arme de dissuasion telle que la bombe nucléaire. Tout cela sans compter les conséquences humaines considérables, en Iran comme dans toute la région. En effet, une frappe sur le site de Boucheh provoquerait à coup sûr une explosion nucléaire qui tuerait des milliers d’Iraniens à proximité et impacteraient le Moyen-Orient à l'image d'un Tchernobyl en Europe de l'Est.
Le 23 décembre 2006, le Conseil de sécurité de l'ONU approuvait à l’unanimité un premier paquet de sanctions interdisant la vente à Téhéran de technologies susceptibles d‘être utilisées dans ses programmes nucléaires et de missiles. Ces sanctions sont renforcées en 2007, en 2008 et en 2010, et élargies à d'autres secteurs. En juin 2010, les États-Unis, l'Union européenne, le Canada, l'Australie, le Japon et la Corée du Sud adoptent eux-mêmes des sanctions économiques plus sévères.
Largement critiquable sur le principe, la posture occidentale, il faut en convenir, a tout de même été couronnée de succès, puisque les mesures à l'égard des exportations de pétrole et du système financier iraniens ont eu un impact réel. L'économie iranienne a donc été touchée par les sanctions. Les entreprises nationales ont souffert de l’isolement diplomatique du pays. Les transactions bancaires, l’activité du transport, celui de l’assurance… Bref, des secteurs entiers sont affectés, à des degrés divers. La devise iranienne a perdu plus de deux tiers de sa valeur face au dollar depuis 2012, et les Iraniens ont subi une inflation de 45% sous la présidence d'Ahmadinejad – ramenée à 23% depuis le départ de ce dernier. À titre d’exemples, entre 2007 et 2013, le prix du kilo de bœuf est passé de 1 euro à 5,90 euros, celui du kilo de pain de 0,07 à 0,13 euros (un comble, alors qu’Ahmadinejad était parvenu au pouvoir en promettant de mettre du pain sur la table de tous les Iraniens), et celui du kilo de riz de 0,02 à 1,69 euros. Le secteur de la santé n’est pas épargné. L’importation des médicaments chute drastiquement, les banques internationales refusant de travailler avec l’Iran par crainte de la réaction américaine ; en conséquence, les laboratoires pharmaceutiques iraniens rencontrent de lourdes difficultés à produire des médicaments, en raison de l’insuffisance de matières premières importées, et le prix des médicaments augmente de 50%.
Les impacts sur le secteur pétrolier se sont évidemment avérés déterminants. Courant 2014, l'Iran et la Russie ont bien, un temps, négocié un accord « pétrole contre biens industriels » pour procurer à Téhéran une bouffée d'air économique. L’accord aurait certes permis à l'Iran d'exporter son brut – à hauteur de 500.000 barils par jour – contre des produits de première nécessité et des équipements lui permettant de remettre à niveau son tissu industriel. Mais, ne parvenant pas à trouver pour le pétrole iranien des débouchés vers des pays tiers (inquiets des réactions américaines), Moscou n'a pas souhaité assumer la responsabilité d'écouler les stocks nouvellement acquis, et les négociations n'ont donc pas abouties. L’Iran, qui tire 60% de ses revenus du pétrole, a donc vu ses exportations baisser de façon très significative, alors même que ses dépenses publiques augmentaient. Plus de trente millions de barils de brut étaient encore immobilisées au printemps dernier, dans différents ports du pays, en attendant la levée de l’embargo.
Selon des sources iraniennes, le coût des sanctions pour le pays depuis bientôt dix ans est de l’ordre de 480 milliards de dollars, soit plus que l'équivalent d'une année entière du PIB iranien, d’où l’urgence à corriger le tir aux yeux du pouvoir. Le 24 novembre 2013, soit à peine trois mois après la prise de fonction d’Hassan Rohani à la tête de la République iranienne, l’Iran et les six puissances négociatrices signent à Genève un accord intérimaire historique qui permet de reprendre les négociations, alors au point mort. Repoussé une première fois en juillet 2014, il le sera encore en novembre de la même année pour donner plus de temps à la discussion. Enfin, le 2 avril 2015, à Lausanne, les paramètres d’un pacte définitif sont établis, même si la date-butoir du 30 juin 2015 sera elle-aussi aussi dépassé.
L'accord est très détaillé, technique, d'une quinzaine de pages, et incompréhensible pour le grand public. Mais pour ceux qui suivent les relations avec l'Iran depuis des années, c'est une victoire car l'histoire des négociations sur le nucléaire s'est faite d'opportunités manquées.
En outre, le réacteur de la centrale à eau lourde d’Arak sera modifié pour ne pas pouvoir produire du plutonium à vocation militaire. Les Iraniens ont accepté de limiter la production à moins d’un kilo de plutonium par an, au lieu des dix kilos initialement envisagés, qui leur permettraient de fabriquer une ou deux bombes.
Pour l'Iran, ce moment est d'autant plus important qu'il permet un compromis qui n'a rien de déshonorant : en aucun cas, cet accord n'est une forme de capitulation face aux grandes puissances étrangères et il suffit de se rappeler l'histoire de l'Iran depuis deux cents ans pour comprendre que ce n'est pas un point de détail. Dès le 20 janvier dernier, les Occidentaux avaient levé très partiellement les sanctions vis-à-vis de l'Iran, afin de favoriser un climat de confiance. Ces derniers conservent un garde-fou, puisque certaines des
L'arme nucléaire : quelle place dans la géopolitique actuelle ?
Aujourd'hui, seuls sept pays possèdent officiellement l'arme nucléaire : les États-Unis et la Russie possèdent de loin l'arsenal le plus important, avec plus de 8.000 ogives nucléaires chacun (dont plus de 2.000 actives) ; la Chine, le Royaume-Uni et la France possèdent entre 200 et 300 ogives chacun, en majorité actives ; et l'Inde et le Pakistan. À ce groupe surnommé le « club nucléaire » s'ajoutent deux pays soupçonnés de posséder la bombe, à savoir la Corée du Nord (moins d'une dizaines d'ogives nucléaires, dont certaines actives) et Israël.
La première bombe atomique française explosait le 13 février 1960, dans le désert du Tanezrouft, en Algérie, quinze ans après l'explosion de la première bombe, dans le désert du Nouveau-Mexique, aux États-Unis. Sa puissance, 60 kilotonnes, équivalait déjà à quatre fois celle de l’engin américain largué au-dessus de Hiroshima en 1945. Le jour de l’explosion, le président de Gaulle aurait déclaré : « Hourra pour la France ! Depuis ce matin, elle est plus forte et plus fière ! [Elle a la] terrible capacité de tuer 40 millions d’hommes. » Pour de Gaulle, la bombe atomique devait assurer la sécurité de l’Hexagone, mais également son indépendance militaire vis-à-vis des États-Unis. Une orientation confortée en 1966, quand la France abandonna le commandement intégré de l’OTAN et fit exploser, la même année, la première bombe à hydrogène dans le Pacifique, à Fangataufa. Presque trente ans plus tard, la présidence de Jacques Chirac engagea le pays dans la dernière campagne d’essais réels. Dans la foulée, la France signa le traité d’interdiction complète des essais nucléaires. En 1993, Américains, Russes et Britanniques ont eux-mêmes suspendu leurs essais nucléaires. Les derniers avérés ont eu lieu beaucoup plus récemment : alors même qu'elle a signé le Traité de Non-Prolifération, la Corée du Nord a procédé à son premier essai le 9 octobre 2006. Et en dépit de l'accord de Pékin du 13 février 2007 où il annonçait renoncer à se doter de la bombe, le régime de
déclarait le 25 mai 2009 avoir réalisé un second essai. Le 12 février 2013, enfin, il confirmait un troisième essai nucléaire souterrain.Bien sûr, l'outil de propagande nationaliste que représente la question du nucléaire dans des pays comme la Corée du Nord ou l'Iran joue pour beaucoup dans les tensions nées ces dernières années avec l'Occident, mais pas seulement. La place de l'arme nucléaire a beaucoup évolué depuis la fin de la Guerre froide. La crise des missiles de Cuba de 1962 avait montré au monde qu'elle n'est et ne peut être que dissuasive. Elle est une menace qui, à l'exception de Hiroshima et Nagasaki en 1945, ne sera jamais utilisée, à moins du basculement dans une guerre totale dans laquelle un État serait menacé d'anéantissement, comme le laisserait imaginer le scénario d'une nouvelle guerre israélo-arabe tournant à la débâcle pour l'État hébreu. Les bouleversements majeurs sur le monde depuis une quinzaine d'années, notamment le retour de la Russie sur la scène internationale et la montée des tensions entre les États-Unis et le monde arabo-musulman, sont toutefois venus reposer la question du futur de la non-prolifération nucléaire.
Prenons l'exemple du cas ukrainien : en 1991, au moment de la chute de l’Union soviétique, le pays comptait sur son sol le troisième plus important stock d’armes nucléaires stratégiques au monde, devant le Royaume-Uni, la France ou encore la Chine. Après plusieurs années de négociation, et malgré la division de ses propres dirigeants sur la question, le pays a finalement signé en décembre 1994 à Budapest un accord avec la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni prévoyant que « les trois pays se portent garants de l’intégrité territoriale de l’ex-république soviétique, en échange du renoncement de celle-ci à l’arme nucléaire », signant au passage le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. En 1996, les dernières armes nucléaires quittaient donc le territoire en direction de la Russie pour y être démantelées.
Pourtant, à contre-courant de ce résultat longtemps présenté comme un modèle de dénucléarisation pacifique obtenue par les États-Unis, John J. Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago, écrivait de façon relativement prophétique en 1993 : « Dès sa déclaration d’indépendance, l’Ukraine aurait dû être discrètement encouragée à façonner sa propre dissuasion nucléaire. […] Une Ukraine nucléaire […] est impérative pour maintenir la paix entre la Russie et l’Ukraine. Cela signifie s’assurer que les Russes, qui ont un passé de mauvaises relations avec l’Ukraine, n’essayent pas de la reconquérir. L’Ukraine ne peut pas se défendre avec des armes conventionnelles contre une Russie équipée de l’arme nucléaire et aucun État, y compris les États-Unis, ne va lui fournir de garanties de sécurité significatives. »
Si cette analyse demande à être fortement nuancée, puisqu'elle suppose que toute nation devrait se doter de l'arme nucléaire (ou refuser la dénucléarisation) dès lors qu'elle ne disposerait pas des armes conventionnelles pour se défendre contre une potentielle menace d'invasion, elle mérite toutefois qu'on s'y intéresse. En effet, le coup de force russe de 2014 en Crimée, en violant purement et simplement l’accord de 1994, confirme que les pays occidentaux n'étaient pas capables d'en garantir le respect – ou du moins n'étaient pas prêts à le faire. Surtout, il remet en question toute l’argumentation en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires. À l'exception de l'Iran, qui le fait pour des raisons géostratégiques et économiques évidentes, quel pays acceptera encore, après l'exemple ukrainien, de se « dénucléariser » simplement en échange de garanties par la communauté internationale sur son intégrité territoriale et le respect de sa souveraineté ? On comprend bien qu'un tel raisonnement concerne directement des États comme le Pakistan, la Corée du Nord ou Israël qui auraient des raisons de craindre pour leurs frontières ou la survie de leur régime politique dans le cas d'un abandon de leur arsenal nucléaire. En violant le droit international – sur lequel on peut être critique, mais en adhérant à l'ONU, la Russie s'engage théoriquement à le respecter –, l'invasion de la Crimée n'est clairement pas un encouragement au désarmement des nations.
L'accord avec l'Iran présage-t-il un changement d'alliances au Moyen-Orient ?
À bien des égards, l'accord du 14 juillet vient remettre en cause les lignes de clivage qui prévalent au Moyen-Orient depuis 1979, et qui avaient été accentuées par la politique unilatérale et belliciste de la présidence W. Bush (2001-2009). Pour la présidence Obama, l'ouverture à un pays comme l'Iran – un pari d'autant plus ambitieux qu'elle ne convainc même pas la majorité du camp démocrate aux États-Unis, et qu'il l'a amorcée avant même le départ d'Ahmadinejad du pouvoir en Iran
aux affrontements dans ce pays. On pense aussi à l'Irak, où l'Iran a gagné une influence considérable depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003 et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement à majorité chiite en 2005
Pour des raisons différentes, mais tout aussi existentielles, Israël et l'Arabie saoudite se retrouvent d'ailleurs soudés dans la même colère face à un Iran qu'ils considèrent trop bien servi par l'accord.
Le Premier ministre israélien, l'irréductible Benjamin Netanyahou, était même venu en personne, le 3 mars dernier, au Congrès américain faire un plaidoyer passionné contre la perspective d'un
, affirmant que l'Iran pourrait toujours se doter rapidement de la bombe nucléaire et menacer Israël, même après sa mise en application. Mais le rapport entre l'État hébreu et la puissance américaine a lui-aussi quelque peu changé, notamment depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Bien sûr, les États-Unis demeurent l'allié le plus sûr de Tel-Aviv. Mais les critiques de l'administration Obama vis-à-vis du traitement de la question palestinienne par le gouvernement Netanyahou ont créé un fossé entre les deux diplomaties, fossé relatif mais qui n'existait pas auparavant. En dépit d'une alliance qui n'est pas remise en cause dans ses fondements, la présidence américaine considère à présent, à raison, que la politique israélienne de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem, représente donc le premier obstacle à la paix avec les Palestiniens.Pour l'Iran peut-être autant que pour les États-Unis, cet accord a un impact important en termes diplomatique, même s'il peut être plus opportuniste si l'on considère que les objectifs stratégiques du régime (supposés ou avérés)
: la domination du Moyen-Orient par la voie d'un Bien entendu, les discours de l' Notre politique contre l’arrogant gouvernement d’Amérique ne va pas changer du tout , disait-il encore il y a quelques semaines. Et, devant une foule criant : Mort à l’Amérique ! » et Mort à la Grande-Bretagne ! : Nous n’arrêterons pas de soutenir nos amis dans la région : le peuple oppressé de Palestine, le peuple oppressé du Yémen, le peuple et le gouvernement de Syrie, le peuple et le gouvernement d’Irak, le peuple oppressé du Bahreïn.La situation géopolitique de l'Iran, dans un Moyen-Orient tendu. Un tel contexte, avec l'État hébreu au cœur de la région, rendrait terrible un risque de prolifération nucléaire dans ce qui demeure l’une des régions les plus instables du monde.
L'accord du 14 juillet doit essentiellement à la volonté politique de deux hommes, Barack Obama, président des États-Unis depuis janvier 2009 et désormais en cours de second mandat, et Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran depuis août 2013. Le 27 septembre 2013, avant de quitter New York où il s’est rendu pour l’Assemblée Générale de l’ONU, le nouveau président iranien parle au téléphone avec Barack Obama. Cette première communication entre des présidents américain et iranien, la première depuis 1979, souligne la profonde méfiance entre les deux pays, comme le dit ensuite Barack Obama face à la presse, avant de rajouter : « [Cette communication] indique également la perspective de dépasser cette histoire difficile. »