Par David Brites.
Dans un précédent article d'août 2018, à l'occasion de l'anniversaire des dix ans du coup d'État de Mohamed Ould Abdel Aziz, nous esquissions le bilan d'une décennie de pouvoir militaire. Entachée par son péché originel (le « coup d'État de trop », ont dit certains), l'ère Aziz a perpétué des formes prononcées d'autoritarisme politique et de conservatismes les plus rétrogrades, tout en accentuant, par ses postures identitaires, les tensions intercommunautaires déjà vives. À cela s'ajoutent, nous le verrons dans cet article, des pratiques de népotisme et une mauvaise gestion des deniers publics qui freinent le développement du pays. Un retard de développement d'autant plus choquant que les ressources disponibles devraient largement suffire aux quatre millions de personnes qui peuplent le million de km² qui constitue la Mauritanie.
Il y a environ deux semaines, le World Economic Forum publiait son indice de corruption annuel, dans le cadre de son rapport sur la compétitivité mondiale (Global Competitiveness Report). Sur la base d'une méthodologie associée à l'indice annuel de perception de la corruption de Transparency International, il y classait alors la Mauritanie au 19ème rang des pays les plus corrompus, à égalité avec le Bangladesh et le Guatemala. Signe que la route est encore longue pour offrir aux Mauritaniens les conditions nécessaires à une véritable amélioration de leurs conditions de vie.
La nouvelle est tombée au début du mois, le 3 octobre : la Cour suprême a informé le candidat Aboubacar Soumare, fraîchement élu maire dans la commune de Sebkha, à Nouakchott, que le recours déposé par le candidat du parti présidentiel, l'Union Pour la République (UPR), visant à invalider les résultats de premier tour – alors que le second tour avait déjà eu lieu –, était finalement rejeté. Donc pas de recomptage des voix, et bien heureusement, car entretemps le contenu des urnes du premier tour a largement pu être manipulé. Le 17 octobre dernier, Aboubacar Soumare, dit AKA, prenait officiellement ses fonctions de maire de Sebkha.
Les élections qui ont eu lieu le 1er et le 15 septembre, municipales, régionales et législatives, ne se sont pas avérées probantes en matière démocratique, malgré un niveau de participation de 73,4% au premier tour (qui semble un chouia surestimé...). La seule nouveauté du scrutin étant que l'opposition, quoique affaiblie et souvent divisée, a abandonné la stratégie du boycott. Le scénario qui a eu lieu était largement prévisible : l'UPR a remporté nettement la majorité des sièges de députés (89 sur 157... et avec les partis de la « majorité présidentielle », il peut même se laisser l'option de modifier la Constitution pour ouvrir la voie au troisième mandat d'Aziz) et des municipalités, ainsi que la totalité des 13 Conseils régionaux ; Tawassoul, branche politique des Frères musulmans mauritaniens, arrive second, très loin derrière (avec 14 députés à l'Assemblée), ne menaçant pas réellement l'hégémonie de l'UPR ; quant aux autres mouvements d'opposition, ils se partagent quelques miettes (dont une quinzaine de députés) qui leur permettent à peine de dire qu'ils existent encore. À Nouakchott, six des neuf communes reviennent à l'UPR, et même à Nouadhibou, deuxième ville du pays, c'est Al-Karama, parti de la « majorité présidentielle », qui remporte la mairie. Quant à Biram Dah Abeid, leader haratine (maure noir) et président de l'Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), qui était arrivé second à la présidentielle de 2014 (avec seulement 8,6% des voix), il est parvenu à être élu député, bien qu'étant toujours en prison depuis le 7 août dernier.
La réglementation récente qui menaçait les partis sous-représentés de disparition après les élections de septembre a eu une conséquence fâcheuse : la présence de pas moins de 98 partis au premier tour, la plupart étant des formations fantômes créées sans motivation idéologique réelle ; une telle profusion de partis n'a pas facilité la lecture du scrutin, puisqu'elle a brouillé l'offre politique (surtout celle d'opposition), dans un pays où beaucoup d'électeurs ont un niveau d'éducation faible ou ne se sont pas appropriés les enjeux – en particulier si, comme ce fut le cas en septembre, on organise trois élections le même jour (l'une d'entre elles concernant une collectivité territoriale nouvelle et aux prérogatives méconnues, le Conseil régional), avec cinq urnes différentes au total...
Nous l'avons vu en août dernier (Dix ans après son putsch, dans quel état le président Aziz laisse-t-il la Mauritanie ? (1/2) Chronique d'une démocratie piétinée et d'une nation fragmentée), la Mauritanie se trouve depuis une dizaine d'années dans une situation politique verrouillée par la présence des militaires au pouvoir. Un régime qui ne se cache plus depuis le putsch de 2008 qui a mis fin à une brève et laborieuse tentative de transition démocratique, amorcée en 2005. Une situation qui se traduit par des violations fréquentes de l'État de droit, des libertés et des droits humains, et doublée, spécificité mauritanienne, d'une volonté d'« arabiser » le pays et de maintenir toujours les mêmes tribus et les mêmes familles au pouvoir, aux dépens des populations noires – les Négro-mauritaniens : Peuls, Soninkés, Wolofs, mais aussi les anciens esclaves maures, les Haratines.
À ces blocages politiques, à cette approche identitaire qui va dans le mur, sans oublier la permanence de conservatismes tels que le système de castes, le contrôle social des femmes ou l'esclavage, à tout cela, s'ajoute une économie sclérosée, où le népotisme apparaît comme le mode de gouvernance privilégié par le pouvoir. L'absence de vision et la mauvaise gestion se traduisent par un manque d'investissement dans les secteurs clefs (l'éducation étant l'exemple le plus emblématique), par un détournement des fonds publics, entre autres vers des grands projets « vitrines » qui n'impactent pas réellement le quotidien des Mauritaniens, et par un accroissement de la pauvreté et des inégalités. Décryptage.
Aboubacar Soumare, candidat indépendant qui s'est présenté sous l'étiquette AFCD, est l'une des rares surprises de cette élection. Élu dans la commune de Sebkha, il a mené sa campagne sur la base d'un programme et de propositions concrètes. Accumulation des ordures dans les espaces publics, absence de voirie et de système de drainage des eaux de pluie, sous-emploi des jeunes, insécurité, etc. : les défis sont considérables pour la nouvelle majorité municipale. Reste à voir ce qu'il en fera pendant son mandat de maire. Nul doute par ailleurs que le pouvoir ne lui facilitera pas la tâche, et il en a les moyens, puisque par exemple, les budgets municipaux doivent tous être in fine validés par l'État. Les tentatives du parti présidentiel, l'UPR, de faire invalider le premier tour du scrutin après qu'Aboubacar Soumare ait remporté le second tour, annoncent la couleur.
Une économie sclérosée par le clientélisme, le népotisme et la corruption
Les inégalités se sont considérablement accrues depuis une dizaine d’années. Dans la continuité de ce qui s’observait déjà depuis les années 80, Nouakchott, où vit un quart de la population du pays, concentre les disparités les plus élevées en termes de niveau de vie. Par facilité, la Mauritanie jette les bases de son économie sur des formes de rente, comme l’aide publique au développement, la vente des droits d’exploitation des zones de pêche aux étrangers, ou encore l’exploitation de minerais – la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) est le deuxième employeur du pays après l’État, et sa contribution moyenne au budget national avoisine les 30%. Le PIB connaissait, jusqu’en 2014, une croissance annuelle supérieure à 4, 5 voire 6%, des chiffres qui ne signifient rien concrètement, et en tout cas certainement pas une amélioration des conditions de vie des habitants. Pire, à l’image d’autres pays en Afrique, le modèle économique proposé – mais dénué de toute réflexion de fond sur sa pertinence ou sa durabilité – se réduit trop souvent à l’exploitation sans modération des richesses naturelles, à la destruction des écosystèmes, et, quand cela s’avère nécessaire, au déplacement des populations sur place ou à l’accaparement des terres, sujet sur lequel jouent aussi les tensions intercommunautaires (Mauritanie : face à l’accaparement des terres par l’État, quels moyens de résistance ?). En témoigne, par exemple, l'exploitation irraisonnée de mercure dans la ville nouvelle de Chami (dans la région de Dakhlet Nouadhibou), où les pratiques d'orpaillage ont un impact désastreux sur les plans sanitaire et écologique.
Le « modèle » économique mauritanien va dans le mur, et les signes sont déjà parlants, rien qu’en termes d’indicateurs macro-économiques. Depuis 2015, la croissance s’est considérablement réduite, et pour cause, la SNIM, qui appartient à 78% à l’État, a vu ses revenus s’effondrer avec la chute du prix du fer, et ce alors qu’en 2015 justement, elle s’était lancée dans des investissements importants afin d’accroître sa production. Sauf qu’entre 2011 et 2016, le prix de la tonne de fer est passé de 187 à… 40 dollars. La tour de quinze étages qu’elle a construite dans le centre de Nouakchott est longtemps restée à l’état de carcasse de béton, depuis l’été 2015. À l’image d’une économie sclérosée, non diversifiée, qui a vu trop grand pour ce qu’elle promettait réellement.
Vue sur la tour de la SNIM, dans le centre de Nouakchott, en décembre 2016. Elle était à l'époque encore en construction.
Cette situation, alors que la dette a explosé et que les bénéfices tirés de la croissance économique des années fastes 2010-2014 ont été dilapidés, pose la question de la transparence des comptes publics, et donc du contrôle démocratique. Le pays dispose de ressources considérables : un potentiel halieutique riche de 720 km de côtes et d'une Zone Économique Exclusive couvrant 234.000 km² ; un sous-sol riche en or, cuivre, hydrocarbures, et en minerais de fer, dont la Mauritanie est le 5ème exportateur mondial. Malgré cela, et en dépit d'une situation somme toute gérable – avec une population de seulement quatre millions d'habitants, soit moins de 4,5 habitants au km² –, la mauvaise gouvernance et le manque de volonté politique plombent la modernisation économique du pays et la répartition des richesses.
Le président Aziz a maintenu et développé un système largement basé sur le népotisme. Il a nommé à tous les postes clefs politiques, économiques et administratifs des proches à lui. En outre, il impose son prête-nom, Zeïne Abidine Ould Ahmed Mahmoud, dans de nombreuses sociétés d'État, sur fond de mainmise sur les ressources publiques. Ancien entrepreneur dans l'informatique, Zeïne Abidine a su tisser de longue date un réseau d'amitiés dans les cercles de pouvoir mauritaniens, avec les ministères, dans le secteur des mines et dans celui des grands chantiers de BTP ; il remporte régulièrement les marchés publics avec la bénédiction des commissions techniques et la complicité des Départements de tutelle : adduction d'eau potable, route Kiffa-Kankossa, construction de la nouvelle Université et du Marché-Capitale de Nouakchott, ou encore tout récemment le nouveau palais des Congrès El-Mourabitoune, bâti pour accueillir le sommet de l'Union africaine (c'était en juillet dernier), pour plus de 1,4 milliard d'ouguiyas (34 millions d'euros). Que le palais des Congrès déjà existant, ainsi que le nouveau, soient appelés à rester vides une bonne partie de l'année, semble un détail. Alors que le président de la République se félicitait lors d'un discours à Nouadhibou en 2012 d'avoir mis fin au système de passation des marchés par entente directe (de gré à gré), la Cour Centrale des Marchés avait à l'époque contredit ses propos, rappelant qu'en 2011, sept marchés gré à gré avaient été enregistrés, financés sur le budget de l'État. Encore en juillet 2017, des membres du Sénat accusaient le gouvernement d'avoir octroyé dans des conditions douteuses des marchés de gré à gré, sur lesquels l'exécutif refusait d'ailleurs d'apporter des éclaircissements, en dépit des convocations parlementaires. En décembre 2017, le pouvoir a su imposer Zeïne Abidine (encore lui) à la tête de l'Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM), après avoir allègrement « arrosé » plusieurs grosses fédérations patronales pour mieux s'assurer leur soutien. Et le cas de Zeïne Abidine n'est que la partie émergée de l'iceberg, les proches du pouvoir favorisés dans les marchés publics étant nombreux, par exemple dans l'exploitation de la mine de Tasiast, dont la sous-traitance est réservée à l'homme d'affaires Ismael Hassanah.
Autre cas emblématique : l'acquisition frauduleuse de biens immobiliers, induisant parfois l'expropriation et l'expulsion de familles mauritaniennes impliquant le président via l'un de ses hommes de main, Cheikh Rada, chef religieux controversé impliqué depuis 2013 dans de nombreuses arnaques immobilières. Depuis deux ans, des blogueurs dénoncent en vain les opérations opaques menées depuis des années par Rada, dont les sommes détournées (estimées à 2 milliards de dollars) seraient précieusement conservées dans des comptes bancaires basés notamment aux Émirats arabes unis.
Outre les circuits occultes qui ont permis aux proches du président de s’enrichir, on peut souligner l’absence de stratégie dans les politiques d’investissement. Ni vision en termes de politique industrielle (à l'exception des industries extractives de type rentier...), ni ambition pour le système d'éducation ou la santé, ni réflexion sur les partenariats sous-régionaux à tisser, notamment avec les voisins subsahariens. Les gisements pétroliers découverts au large des côtes mauritaniennes, dont l'extraction s'est amorcée en 2006, de même que les réserves de gaz naturel off-shore trouvées en 2003 et en 2010, ont laissé croire aux militaires au pouvoir qu'un boom économique s'annonçait, et que l'argent allait couler à flot, ne les incitant pas à engager des investissements pertinents. Le miracle économique n'a pas eu lieu, en dépit de la forte croissance économique qui a marqué le premier quinquennat d'Aziz. Et sur les secteurs stratégiques, aucun chantier pertinent n'a réellement été entrepris, bien au contraire.
Le pays, qui possède parmi les eaux les plus poissonneuses du monde grâce à un écosystème littoral exceptionnel (dont le Parc National du Banc d'Arguin est l'un des symboles), a vendu des droits de pêche importants à l'Union européenne et au Japon dans les années 90, et en 2014 à la Chine, qui pratique pourtant le chalutage en eaux profondes, désastreux pour l'environnement. Parallèlement, pour des raisons purement géopolitiques, le durcissement de la réglementation relative à la pêche artisanale pratiquée par les Sénégalais a entraîné non seulement le départ de beaucoup d'entre eux, en 2017-2018, mais aussi, par contre-coup, une hausse des prix du poisson sur le marché mauritanien.
Le littoral mauritanien dispose d'un environnement exceptionnel, avec des zones de poissons et une faune et une flore marines parmi les plus riches du monde. Ici, le Parc National du Banc d'Arguin, entre Nouakchott et Nouadhibou. Les pratiques de pêche intensive, de même que la pollution sur les côtes ou en haute-mer, menacent à terme cet écosystème fragile.
Sur un autre plan, le pouvoir n'a absolument pas amorcé les réformes pour moderniser le secteur agro-alimentaire national, alors que la production agricole reste largement inférieure à ce qu'elle pourrait être, uniquement pratiquée dans la vallée du fleuve Sénégal et dans les oasis. Pourtant, l'activité agricole étant la principale source de revenus pour près des deux tiers des ménages mauritaniens, l'impact d'investissements dans ce domaine serait direct et significatif. Si la saison des pluies de l'année 2018 s'annonce heureusement bien meilleure, la sécheresse exceptionnelle qui a frappé la quasi-totalité des régions du pays en 2017, avec des déficits pluviométriques jamais égalés depuis une décennie, est venue rappeler la fragilité des filières agropastorales mauritaniennes, et avec elle les menaces que fait peser à terme le changement climatique sur ces vastes espaces semi-désertiques sahéliens – puisque la descente des troupeaux d'élevage vers le sud et l'exode rural en cas de crise agro-alimentaire constitueraient une pression sur la terre et des phénomènes de bouleversements démographiques dramatiques, comme une répétition aggravée des grandes sécheresses qu'a déjà connues le pays dans les années 70 et 80. Face à cette situation, avec tout le danger que cela comporte, aussi bien pour les populations que pour le cheptel, on assiste à une démission honteuse du gouvernement.
Parmi les grands défis de l'agriculture mauritanienne, on trouve l'accès à l'eau, dans un contexte sahélien où la pluviométrie est parfois très faible. À de rares exceptions, l'État n'a pas fait ces dernières années les investissements nécessaires pour doter la vallée du fleuve d'un système d'irrigation qui permettrait de développer les cultures. Trop souvent encore, la seule présence de puits et l'acquisition de pompes sont permises par l'action des ONG, libérant l'État de ses responsabilités. Ici, un exemple de puits dans la localité du Korokoro (commune de Gouraye), dans la wilaya du Guidimakha, à la croisée du Mali et du Sénégal. Prise en saison sèche, au mois de février 2018, la photographie illustre le climat particulièrement ingrat de la région dès que l'on sort de la saison des pluies.
Passage de troupeaux, sur la route entre Gorgol et Guidimakha, deux régions du sud de la Mauritanie.
En 2018, la Mauritanie compte toujours un niveau de pauvreté élevé, avec un IDH de 0,513 (167ème rang mondiale en 2017). En 2015, l’espérance de vie restait inférieure à 63,5 ans, et en 2016, la mortalité infantile de 53 enfants pour 1.000. Et en 2015, à peine plus d’un Mauritanien sur deux était considéré comme alphabétisé. Le taux de chômage dépasse la barre de 30% des actifs. Les raisons d’une telle situation sont multiples, et si pour la plupart, elles tiennent à des dynamiques antérieures à 2008, elles ont largement été perpétuées ces dix dernières années, en dépit des discours tenus par le chef de l'État en début de premier mandat, fustigeant « la gabegie et la mauvaise gestion » de ses prédécesseurs, et promettant de « nombreux et importants projets de développement ».
Les infrastructures et services de santé, déjà mauvais auparavant, n’ont pas connu la modernisation nécessaire pour répondre à l’explosion démographique et aux besoins du pays. Quant au système éducatif, il poursuit, lentement mais sûrement, son effondrement. Il constitue l’expression la plus profonde des inégalités sociales du pays, avec d’un côté un développement d’écoles privées financièrement inaccessibles à la majorité, et de l’autre un enseignement public désastreux et fréquenté par les classes pauvres. Et la problématique de la langue d’enseignement vient encore ajouter une épine dans le pied de l’école. La politique d’arabisation amorcée il y a plusieurs décennies, poursuivie sous Aziz, a pénalisé des générations d’élèves et d’étudiants francophones, et fait chuter qualitativement un édifice déjà fragile. À un recrutement des enseignants publics dont la médiocrité n'est contestée par personne, et à un taux élevé d'absentéisme des maîtres et des professeurs, s'ajoutent des classes dépassant souvent la centaine d'élèves, dont le déroulé s'assimile parfois plus à une forme de garderie qu'à une vraie leçon d'école stimulante et de qualité. Comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir a pris la décision d'empêcher tout enfant à partir de 10 ans de passer un examen s'il ne dispose pas d'une carte d'identité nationale ; en même temps, les parents dont l'obtention de l'état civil conditionne celui de leurs enfants sont empêchés pour des raisons parfois discriminatoires de se recenser. Le taux de réussite au baccalauréat tourne chaque année autour de 10%, et même pour les admis, le niveau est globalement catastrophique, pour les francophones comme pour les arabophones. Les dirigeants, eux-mêmes rarement caractérisés par leur amour et leur connaissance des lettres et des sciences, et qui ont contribué à mettre à mal le niveau, envoient leurs enfants dans des écoles privées ou lesdites « écoles d'excellence », ou étudier à l’étranger. Pour les autres, toute ascension sociale est presque toujours compromise.
À l'éducation et à la santé, à l'agriculture vivrière et à la pêche artisanale, le pouvoir a privilégié une politique de grands travaux, avec des ouvrages d'ampleur, la plupart du temps surfacturés et octroyés dans des conditions opaques. Souvent, ils servent la propagande du pouvoir qui vise à présenter le pays comme une nation arabe. C’est le cas par exemple du nouvel aéroport de Nouakchott, intitulé Oumtounsi (du nom d’une bataille entre Maures dans le contexte de la résistance à la colonisation française, en 1932), inauguré en 2016. D’une capacité de deux millions de voyageurs par an, alors que les besoins annuels du pays se limitent à 120.000 passagers seulement, son existence même laisse songeur. À Nouadhibou, l'Autorité de la Zone Franche créée en 2013 a été dotée de moyens conséquents pour attirer les investisseurs étrangers, et de grands chantiers y sont déjà ouverts. Mais c'est surtout la ville de Nouakchott qui est emblématique de ces travaux pharaoniques, pensés sans réflexion aucune sur l’aménagement urbain et sans lien avec les besoins de la population.
Pays de paradoxe, la Mauritanie voit toujours les urgences politiques en décalage avec les enjeux véritables de développement. Tout est dans l’apparence, le superflu, tout est théâtre. Une comédie. À l’image de ce qui s’est vu à la veille de grands sommets internationaux organisés à Nouakchott, comme le sommet de la Ligue arabe, en juillet 2016, ou celui de l’Union africaine, en juillet 2018 : les travaux d’aménagement urbain sont menés à la va-vite, dans l’urgence, avec une voirie mal pensée, et ils ne concernent que les quartiers riches du centre et du nord de la ville, où circulent les diplomates étrangers de passage et où vivent les classes aisées. Sans parler du déplacement pur et simple des ordures du centre-ville vers les quartiers périphériques, pauvres et très majoritairement noirs (le long de la route des Pk, à Tarhile Dar el-Beida, etc.), lors du sommet de l’Union africaine : comment interpréter cela autrement que comme la démonstration que le pouvoir en place considère bien les habitants de ces quartiers comme des « déchets » ?
Le pouvoir vit dans l'illusion d'une croissance économique de façade (en berne depuis trois ans, de surcroît) qui ne se traduit pas par du développement pour les Mauritaniens. Le lancement de nouvelles centrales électriques (solaires, au fuel lourd ou au gaz) à Nouakchott et dans l'intérieur, depuis 2013, est à cet égard illustratif, puisque celles-ci servent bien souvent à exporter le surplus d'électricité vers le Sénégal et le Mali, alors qu'un effort devrait déjà être mené pour parachever l'électrification de l'ensemble du pays, y compris parfois des zones à la périphérie de la capitale, plongées dans l'obscurité la plus complète dès la nuit tombée. La signature, le 9 février 2018 à Nouakchott, de l'Accord de Coopération Inter-États (ACI) entre la Mauritanie et le Sénégal, portant sur le développement et l'exploitation des réserves du champ gazier « Grand Tortue/Ahmeyin-GTA », indique bien qu'aucun virage n'est à attendre du gouvernement mauritanien, qui attend toujours de la rente des industries extractives une manne providentielle – pour rappel, ce réservoir offshore transfrontalier, estimé à environ 425 milliards de m3, sera développé et exploité par un consortium constitué de Kosmos ENERGY et British Petrolum (BP), le début de sa production étant attendu pour 2021.
Quartier de Tarhile, dans la commune de Riyad, à Nouakchott. Dans plusieurs zones périphériques de la capitale, l'accès à l'eau courante pose encore de sérieux problèmes, sans parler de l'absence de système d'évacuation des eaux usées, ou encore souvent de phénomènes de fécalisme à ciel ouvert. Alors que les travaux se sont multipliés ces dernières années dans le centre-ville pour améliorer la « vitrine » de Nouakchott, à la veille de sommets internationaux, dans les quartiers périphériques où ont été relogées des populations, les initiatives de développement se font clairement attendre.
La situation des routes est emblématique. Souvent surnommé « président des goudrons » par ses concitoyens, le chef de l’État a effectivement fait augmenter le réseau routier dans son pays. Dans la capitale comme dans les régions de l’intérieur, un effort non-négligeable a été mené pour désenclaver certains territoires. Mais même là, il y aurait beaucoup à redire. Tout d’abord, certains des goudrons réalisés sous les mandats d'Aziz étaient en réalité déjà prévus avant le putsch de 2008, comme l'axe Kaédi-Sélibaby-Gouraye qui a favorisé le désenclavement de la région méridionale du Guidimakha. Ensuite, des régions entières, notamment Hodh Ech-Chargui et Hodh El-gharbi, frontières du Mali, restent encore largement isolées, et compte tenu de leur niveau de pauvreté, leur désenclavement devrait être une priorité absolue pour le gouvernement. Enfin, la qualité de nombreuses routes – bâties ou non sous l’ère Aziz – s'avère toujours problématique, et parce qu’elles se dégradent rapidement (ce qui pose question sur la transparence des marchés publics qui ont permis leur construction), et parce que certains travaux semblent s’éterniser et rendent la vie infernale pour les usagers et les riverains. Ainsi, la route dite de l’Espoir, qui permet de gagner la frontière malienne, se dégrade rapidement, et les accidents mortels y sont fréquents, surtout entre Nouakchott et Aleg (dans la région du Brakna). Quant à la mise à niveau de la route entre Nouakchott et Rosso, elle piétine depuis des années, illustrant le peu de cas que le régime fait de ses relations avec le Sénégal voisin – on attend d'ailleurs toujours la construction d'un pont au poste-frontière de Rosso. À l’image de l’ensemble des infrastructures et des services publics, la mise en place des routes se fait selon le bon vouloir du chef, arbitrairement, sans prise en compte de l'intérêt général.
La Mauritanie, après l'élection de 2019 ?
Bien que ne menaçant pas réellement le pouvoir (avec seulement 14 députés et quelques mairies), Tawassoul est victime, depuis la proclamation officielle des résultats du second tour par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), le 17 septembre, de formes diverses de pression qui semblent indiquer, comme nous le constations déjà en août dernier, une forme de fébrilité du régime, en cette fin de second mandat d'Aziz. Dans la foulée des élections, le chef de l'État lui-même ne déclarait-il pas : « Les Mauritaniens ont adressé un message de rejet aux extrémistes religieux et racistes qui ont détruit des pays et souillé l'image de l'islam dans le monde » ? Une formule cocasse, quand on sait que le président lui-même n'a pas hésité, depuis dix ans, à manipuler l'actualité religieuse, et qu'il a pratiqué une tolérance coupable avec les conservatismes religieux et traditionnels les plus farouches comme avec le prosélytisme salafiste. Sans parler de la perpétuation de politiques discriminatoires voire racistes envers les communautés noires de son pays.
Le gouvernement a retiré leur agrément et fait fermer, dans la commune d'Arafat à Nouakchott, un centre de formation des imams et oulémas, l'Institut Ben Yacine, le 24 septembre, et deux jours après, une université privée du même nom, les deux établissements étant soupçonnés d'appuyer Tawassoul voire de servir de relai à des sources de financement du parti venues de l'étranger. Le propriétaire du centre de formation, également président du Conseil scientifique de l'université, n'est autre que l'imam Mohamed El-Hacen Ould Dedaw, figure de l'islam politique en Mauritanie et proche de Tawassoul. Des menaces de fermeture planeraient à présent sur des entreprises soupçonnées de financer le parti. Dernier acte de cette séquence : le 4 octobre, la Cour Suprême annonçait l'invalidation du second tour des municipales dans les communes d'El-Mina et Arafat, à Nouakchott, remportées par Tawassoul, en coalition avec trois autres partis d'opposition (UFP, HATEM, ADIL), face au parti présidentiel ; un nouveau scrutin s'est tenu le 27 octobre, samedi dernier, et si Tawassoul est parvenu à se maintenir à Arafat, à El-Mina en revanche, c'est l'UPR qui a remporté ce « troisième » tour. Globalement, la direction de Tawassoul, face aux attaques récentes du pouvoir, semble privilégier une posture attentiste et victimaire, qui reçoit le concours de l'ensemble des partis d'opposition, qui ont manifesté leur soutien vis-à-vis des islamistes dans cette guerre ouverte par Aziz et son gouvernement.
Il est loin le temps où Ould Abdel Aziz accueillait devant les grilles de son palais des foules de manifestants islamistes exigeant la peine de mort contre Biram Dah Ould Abeid, après des autodafés touchant à des œuvres du rite malékite, et Mohamed Ould M’Kheitir, accusé de blasphème (Mauritanie : quelles leçons retenir de l’affaire du blogueur Ould M’kheitir ?). Et le chef de l'État, qui a la mémoire sélective, oublie l'époque où des prêcheurs wahhabites saoudiens venaient propager leur doctrine et financer des mosquées un peu partout dans le pays, sans contrainte aucune – cette réalité ne semble pas remise en cause, elle, et d'ailleurs les derniers évènements liés à Tawassoul pourraient bien être le fruit de pressions de l'Arabie Saoudite en ce sens, plus que le résultat de la propre réflexion du président de la République.
La situation politique de la Mauritanie s'avère, à bien des égards, inquiétante. Le fait même que le cousin (et ancien soutien) du président Aziz, Mohamed Ould Bouamatou, milliardaire puissant exilé au Maroc, soit souvent désigné par les médias comme l'« ennemi numéro 1 » du chef de l'État, en dit long sur l'état de l'opposition dans le pays. À l'image d'un Fethullah Gülen en Turquie, Bouamatou, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé le 1er septembre 2017 par la Justice mauritanienne (pour corruption), mène depuis quelques années une « guerre » judiciaire, politique et médiatique contre Aziz ; il est accusé d'avoir versé plusieurs dizaines de millions d'ouguiyas à des banquiers, hommes d'affaires, syndicalistes et acteurs de la société civile – les soupçons entourant le versement d'argent à une douzaine de sénateurs ne sont évidemment pas anodins, compte tenu de l'opposition qu'a manifesté le Sénat à la réforme constitutionnelle voulue par le président Aziz en 2017. Cette rivalité entre Aziz et son cousin, entre un pouvoir politico-économique et un autre, occupe certes les discussions des salons nouakchottois, mais demeure en fait très loin des préoccupations quotidiennes du Mauritanien lambda.
Le maintien du régime, qui se profile pour 2019 – que le chef de l'État se présente à un troisième mandat ou pas –, apparaît à contre-courant des processus de démocratisation, parfois laborieux, qui ont eu lieu dans la sous-région ces dernières années. En 2011 en Tunisie, en 2014 au Burkina Faso, et en 2017 en Gambie, les peuples ont mis fin à des règnes despotiques, en place parfois depuis les années 80. Au Sénégal en 2012, les urnes ont répondu par une fin de non-recevoir aux tentatives d'Abdoulaye Wade de s'accrocher au pouvoir, en briguant justement un troisième mandat – ce que la Constitution ne lui permettait théoriquement pas de faire. À 61 ans, Mohamed Ould Abdel Aziz ne semble pas enclin à organiser des élections libres et transparentes, en témoigne le scrutin qui s'est tenu le mois dernier. Il l'a lui-même souligné à plusieurs reprises : non, il ne briguera pas un troisième mandat, conformément à ce que prévoit la Constitution (qu'il a juré sur le saint Coran de respecter, lors de sa prise de fonction... les partisans qui l'appellent à se présenter une nouvelle fois ont apparemment oublié ce petit détail), mais oui, il faudra encore compter avec lui après les élections. La question étant : sous quelle forme ? L'individu a placé ses proches à la tête de toutes les grandes entreprises d'État, dans tous les secteurs, et à tous les postes clefs de l'administration. Il pourra même maintenir sa mainmise sur le parti présidentiel, l'UPR, voire pourquoi pas prendre la tête du gouvernement – un scénario à la Poutine-Medvedev que beaucoup de citoyens mauritaniens n'excluent pas, même s'il reste peu probable.
Le 8 octobre dernier, Cheikh Ould Baye a été choisi par ses pairs députés pour prendre la présidence du Parlement ; la désignation de ce proche d'Aziz, colonel à la retraite depuis 2012, confirme la continuité avec la mandature précédente. Dans une forme prononcée de déni de la réalité, Ould Baye n'a-t-il pas souligné, dans son discours d'investiture, « l'atmosphère de compétition positive et de liberté » des élections de septembre, atmosphère qui selon lui « reflète le niveau de conscience nationale et démocratique des Mauritaniens, chose que nombre de pays et de peuples leur envient » ? Quatre vice-présidents sont de la « majorité présidentielle », et un revient à l'opposition (Tawassoul en l'occurrence). Hier, lundi 29 octobre, un nouveau Premier ministre a été désigné, en la personne d'Ahmed Salem Ould El-Béchir – le choix de ce PDG de la SNIM, ancien directeur de la SOMELEC, ex-ministre de l'Hydraulique, et ancien ministre du Pétrole, de l'Énergie et des Mines, illustre (accessoirement) la collusion constante, en Mauritanie, entre sphères politique et économique, la porosité entre gouvernement et grandes entreprises d'État. Aujourd'hui même, un nouveau gouvernement a été nommé, avec des changements relativement mineurs – cinq départs (sur vingt-cinq ministres), trois entrées, et deux ministères supprimés.
On attend désormais la désignation du nouvel Administrateur Directeur-Général de la SNIM, en remplacement d'Ahmed Salem Ould Béchir à ce poste, du nouveau dirigeant du parti présidentiel, l'UPR, et du prochain chef d'état-major. Jeu de chaises musicales entre proches du président, auquel les citoyens sont globalement indifférents. Tout se met progressivement en place pour assurer à l'héritier d'Aziz les pleins pouvoirs : une Chambre, un gouvernement, des Conseils régionaux, des entreprises d'État, et même une large majorité de communes, acquis à sa cause. Le nom le plus cité pour lui succéder est son ami de 38 ans (ils se sont rencontrés à Meknès, au Maroc, durant leur formation militaire en 1980), le chef d'état-major sortant et général de division Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Mohamed Ould Ghazouani, connu pour sa discrétion et sa fidélité au président. Lors de la convalescence d'Aziz, à l'automne 2013, c'est lui qui avait de facto assuré l'intérim à la tête de l'État. Même si Ghazouani apparaît moins sanguin et plus consensuel (et plus lettré) que Mohamed Ould Abdel Aziz, une telle option signifierait clairement la continuité du pouvoir des militaires – un scénario conforté par l'entrée au gouvernement, aujourd'hui même, de Ghazouani, nommé à l'occasion du remaniement au poste de ministre de la Défense nationale.
Les défis qui s'annoncent pour l'après-Aziz sont connus. La Mauritanie se les traîne depuis plusieurs décennies : la modernisation de son économie, la démocratisation de ses institutions, la neutralité de l'administration et la lutte contre la corruption à tous les niveaux, le renforcement de l'État de droit et la réforme du Code pénal pour le mettre en conformité avec les conventions internationales signées par le pays, l'investissement dans la santé, ou encore le redressement du système éducatif. S'ajoute la lutte contre les conservatismes facteurs d'inégalités et de violations des droits humains. Elle touche à la question de l'esclavage et du système de castes, mais également à celle des droits des femmes, dont la condition reste largement problématique ; souvent victimes de violences en face desquelles le pouvoir se montre indifférent et la législation insuffisamment sévère (La question du viol en Mauritanie : le tabou peut-il sauter ?), la plupart des Mauritaniennes sont soumises tout au long de leur vie à un contrôle social, qui va jusqu'au contrôle de leur corps (Entre soumission et manipulation sociale : quelle condition pour la femme en Mauritanie ?) – exemples parmi tant d'autres, rappelons que les cas d'excisions touchent toujours 50 à 75% des filles dans certaines parties du pays, et qu'au moins un tiers des femmes sont mariées avant l'âge de 18 ans (14% avant 15 ans, selon UNICEF-Mauritanie).
Le 5 mai 2017, Ely Ould Mohamed Vall décédait à Zouerate, une ville du nord de la Mauritanie connue pour ses activités minières (et où Tawassoul a tout récemment remporté la mairie). Virulent détracteur du maintien du pouvoir des militaires, la disparition de cette figure de la transition avortée des années 2000 – où la Mauritanie avait pourtant semblé prendre un temps d'avance sur ses voisins maghrébins et subsahariens en termes d'ouverture démocratique –, en ranimant le souvenir du putsch d'Aziz, invitait à s'interroger sur l'échec des stratégies proposées depuis dix ans par l'opposition. Quant à Sid Ahmed Ould Bneijara, Premier ministre en 1980-1981 (sous la présidence d'Ould Haidalla), partisan de la laïcité et qui s'opposa vainement à l'application de la Charia, son décès en Espagne le 30 août 2017 (dans l'indifférence générale) vient rappeler les défis que la République islamique de Mauritanie doit encore relever en termes de mœurs et de libertés individuelles, contre les conservatismes les plus divers et les plus rétrogrades, déjà évoqués dans cet article.
Le plus probable est qu'un changement de régime (apparent ou réel) surviendra d'abord, comme ce fut le cas en 2005, d'un tournant opéré par l'institution militaire elle-même. Qu'elles soient en faveur de la démocratie ou non, qu'elles soient de nature politique ou pas, les forces s'opposant aux dirigeants actuels sont trop faibles et diffuses pour être réellement menaçantes. Aziz et ses proches ont su verrouiller à tous les niveaux les manettes du pouvoir, et prévenir le réveil d'éventuels contre-pouvoirs. Le scrutin de l'année prochaine offrira sans doute plus d'éléments pour comprendre les perspectives politiques qui s'ouvrent à la Mauritanie, mais il semble difficile, dans le contexte actuel, de se montrer très optimiste pour l'avenir.