Par Jorge Brites.
Décidément, le froid hivernal et la tombée prématurée de la nuit n’ont pas eu raison de leur motivation. Il est 19h30 passées et les trois élèves, ponctuels, s’installent autour d’une table ronde déjà occupée par Irina, 40 ans, professeure originaire de l'Extrême-Orient russe. Rapidement, quelques mots de salutation dans la langue de Tolstoï sont lâchés, et une carte de la Russie est projetée au mur. L’un des élèves se lève pour s’essayer à écrire en alphabet cyrillique sur le paper board. De la salle voisine nous parviennent des phrases en arabe. C’est le cours d’Ahmed, 32 ans et originaire du Soudan, qui a démarré avec ses quatre élèves.
Cette scène a lieu dans les locaux de l’association Causons, à Paris. Cette association, créée en 2017, a mis en place une démarche originale qui met les échanges culturels et la revalorisation des personnes migrantes à l’honneur… tout en proposant un service de cours de langues de qualité. Focus sur cette initiative innovante et créatrice de lien.
Il convient tout d’abord de rappeler, en quelques mots, les difficultés que peut représenter l’intégration pour des milliers de personnes migrantes arrivant en France. On oublie souvent qu’au-delà des démarches administratives nécessaires à l’obtention d’une carte de séjour – qui constituent déjà un véritable parcours du combattant –, les défis restent nombreux. L’adaptation socioculturelle n’est pas du tout évidente, dans une société française encore peu adepte de la diversité et du principe de l’altérité. L’insertion professionnelle quant à elle, peut s’avérer une gageure, en particulier pour des profils cadres dont les diplômes ne sont pas reconnus en France, et dont les compétences sont généralement sous-estimées – alors que selon l’Insee, 42% des immigrés âgés de plus de 15 ans et arrivés en France en 2017 étaient titulaires d’un diplôme supérieur ou égal à Bac+2.
Meriem, chargée de communication de Causons, nous explique : « L’association est née en 2017, d’un constat : les personnes réfugiées et migrantes, quand elles arrivent en France, rencontrent beaucoup de freins qui compliquent leur épanouissement, alors qu’au-delà du statut, ce sont des gens tout autant qualifiés que la population française. Mais vu qu’il n’y a pas beaucoup d’équivalences en France, souvent on les retrouve à faire des métiers qui ne sont pas les leurs. »
Cours de russe (intermédiaire), au cours du premier semestre de la session 2021-2022.
Des cours au service de l’échange interculturel…
C’est donc devant cette réalité, et inspiré d’une initiative similaire au Brésil – l’association Abraço cultural, elle-même créée en 2016 suite à la Coupe du monde des réfugiés –, qu’a été fondée Causons il y a cinq ans, conjointement par Hélène Ramajo et Guillaume Chausse. Le principe : favoriser l’inclusion socioprofessionnelle pour les personnes réfugiées et migrantes en leur permettant d’enseigner leur langue.
Plusieurs éléments contribuent à l’originalité de la démarche. D’abord la méthode pédagogique des cours : les professeurs sont préalablement formés à l’« approche Causons », qui s’appuie sur des éléments de la culture d’origine de l’enseignant pour transmettre la langue. Un professeur d’anglais originaire de Gambie utilisera donc des supports de son pays pour enseigner l’anglais. Idem pour un professeur d’espagnol originaire du Venezuela, pour un professeur d’arabe venu du Soudan, ou pour un professeur de russe venu de Géorgie. Nada, Égyptienne de 35 ans et coordinatrice de l’association où elle est engagée depuis plus de trois ans, nous éclaire : « Il y a une approche Causons. Plusieurs de nos professeurs sont déjà enseignants, pas nécessairement d’une langue mais de n’importe quelle matière. On leur donne des bases. Ce n’est pas une formation certifiante mais ce sont les bases pour enseigner dans une approche interculturelle et actionnelle – actionnelle dans le sens où l’on met les apprenants dans une situation de la vie réelle. Ce n'est pas vraiment un apprentissage scolaire ou académique. L’apprenant est pleinement acteur de son apprentissage et c’est très interculturel dans le sens où on les forme à utiliser des documents authentiques. Ce que l’on appelle des documents authentiques, c’est tout document qui n’a pas été créé dans le but d’enseigner. Donc ce n’est pas un ''manuel'' de langue, ce n’est pas un cahier d’exercices. Ça peut être tout et n’importe quoi : un poster que l’on voit dans une rue, un poème, une scène de film, une carte d’identité du pays en question, des paroles de chanson, une recette de cuisine, etc. Des choses qu’on utilise et qu’on voit, et qui intéressent souvent les gens. »
Causons pour moi, c’est un voyage dans le monde. C’est un endroit où on partage notre richesse culturelle.
Dans la langue arabe, il existe plusieurs dialectes. Moi, je veux faire découvrir notre culture à travers les mots. L’humour aussi. Parce que c’est marrant, on n’utilise pas les mêmes mots dans toutes les langues arabes.
En France, les migrants ont plein de choses : des compétences, des talents, mais malheureusement pour certains Français, si tu ne connais pas la langue française, tu ne comprends rien, tu n’es rien. Même si tu trouves quelqu’un qui fait plusieurs doctorats dans son pays, quand il vient en France, à cause de la langue, tout ça, tout ce passé, s’efface. Il doit recommencer à zéro. C’est dommage, parce que les deux y perdent : la France et la personne aussi.
Causons, ça m’apporte le sentiment que je ne suis pas la seule à être venue en France et qui est obligée de tout reprendre à zéro. On est plus forts quand on est ensemble. Et quand je rencontre quelqu’un qui s’intéresse à ma culture d’origine, ça me fait plaisir et je suis prête à m’investir à 150%. Je prépare mes cours, je cherche des choses auxquelles je n’avais pas pensé avant. Des questions qu’on me pose me surprennent, ça me fait voir ma culture différemment.
Et puis il y a l’échange interculturel : Ahmed [le professeur d’arabe] me dit des choses qui m’étonnent. Au Soudan par exemple, on n'utilise pas le verbe être au présent, on l’utilise beaucoup au passé... et c'est comme en russe, c’est étonnant. On trouve des croisements bizarres. C’est aussi un échange entre enseignants.
La formation préalable de chaque professeur à l’approche Causons dure deux jours. Elle est suivie d’un accompagnement par un bénévole qui assiste à deux ou trois cours de la première session d'enseignement. Cela permet d’avoir un regard externe qui enrichit la réflexion sur la pratique pédagogique et interculturelle, qui aide à identifier des documents authentiques, etc. Et les retours des professeurs sur l'approche Causons sont positifs. Ainsi, Irina, professeure de russe évoquée plus haut, nous partage son expérience en donnant l’exemple d’un calendrier russe qu’elle a utilisé dernièrement pour l’un de ses cours : « C’est totalement interculturel. Au tout début, on trouve un document authentique : ça peut être la carte de Russie par exemple, ou encore le calendrier russe. C’est quelqu’un qui l’avait déjà utilisé qui me l’a conseillé. Il y a d’autres dates, et on peut le comparer au calendrier français, voir quelles sont les dates, les jours fériés, les différences. Tout est en russe, mais on peut voir que c’est un calendrier aussi, que ça ressemble, qu’il y a les mêmes mois de l’année. Après on explique chaque jour férié, pourquoi c’est comme ça, depuis quand, quelle importance, comment on peut célébrer telle ou telle fête. On peut montrer des photos de gens en train de fêter. Par exemple, mes apprenants étaient étonnés, parce qu’en Russie, si une fête tombe un samedi, il faut forcément la célébrer quand même, donc on la décale au lundi d’après. Ce n’est pas le cas en France. Et ce ne sont pas tout à fait les mêmes dates. Par exemple, la fête de la Victoire, ici c’est le 8 mai, mais en Russie c’est le 9. Mais ça a à peu près la même valeur. »
Pedro, professeur d'espagnol originaire du Venezuela, complète : « C’est une approche situationnelle. Il ne s’agit pas de suivre la grammaire, mais plutôt de se mettre dans la tête d’un adulte, d’un migrant, qui apprend dans la vie quotidienne. Il faut donc se mettre en situation, quand on est au restaurant, au marché, dans la rue, quand on visite un lieu. Il y a une manière de vivre la langue, autre que la manière scolaire et académique. »
Les élèves, quant à eux, ne sont pas en reste. Julian, Français de 30 ans, élève au cours de russe (niveau faux débutant) qui planifie de voyager sur le transsibérien, nous partage son sentiment : « J’avais déjà fait des cours avec une prof particulière qui avait une approche plus pédagogique, plus scolaire. Les deux approches ont un intérêt, mais je suis à un stade où j’ai plutôt envie de pratiquer, de discuter. En l’occurrence, pour le russe ce n’est pas forcément facile de rencontrer des locuteurs. Qu’Irina [l’enseignante] soit native du pays, ça change quelque chose. Même en termes d’accent, de façon de parler, c’est intéressant. Ce n’est pas la même chose d’être bilingue et d’être natif. »
Au final, la démarche de l’enseignement des langues sur un mode interculturel permet de réhabiliter non seulement l’idiome comme langue de connaissances et de communication, mais l’ensemble de la culture abordée à travers les cours. Actuellement, huit langues sont enseignées à Causons, soit à Paris, soit à Lyon : l’arabe, l'arménien, le persan, le pachto, le russe, le turc, l’anglais et l’espagnol, à des niveaux divers (débutant, faux débutant, intermédiaire, etc.).
Je suis réfugié vénézuélien depuis trois ans en France. Je ne suis pas enseignant de ma langue à la base, mais j’essaie de le devenir dans la pratique. J’étais enseignant de sociologie, de sciences humaines en général, dans mon pays. Avec la situation dramatique là-bas, j’ai dû le quitter.
J’essaie de me réinventer ici, en France. C’est une fortune d’avoir pu rencontrer Causons et d’enseigner ma langue maternelle.
Depuis 2015 j'habite en France. J'ai appris le français en 2016, chez l'association Thot à Paris. [...] Quand j'ai appris le français, je voulais être à la place de l'enseignant. Aujourd'hui, j'y suis.
On partage la culture, la langue. Par exemple, chez mes apprenants, il y en a qui s'intéressent à la culture d'Iran. Ils ont voyagé en Iran, c'est pourquoi ils veulent apprendre le persan. Quand ils vont aller en Iran, ils vont être à l'aise pour parler. On présente la culture, la musique, l'histoire.
C'est la deuxième session où j'enseigne. Je rencontre des gens, j'apprends des mots moi aussi. Il y a des mots que je n'avais jamais entendu, mes apprenants me demandent et après je sais ce que ça veut dire. Comme ça mon niveau aussi monte. C'est un partage entre nous.
… et de l’insertion des personnes migrantes et réfugiées
Ce faisant, l’association contribue à l’insertion socioprofessionnelle de personnes migrantes et réfugiées grâce à la proposition d’un travail à temps partiel rémunéré et gratifiant. Elle valorise des personnes issues de l’immigration à travers l’enseignement de leur langue et le partage de leur culture – permettant ainsi de casser les stéréotypes sur les personnes migrantes et réfugiées. Nada, la coordinatrice, nous explique : « Causons est une association qui met en valeur les personnes venues d’ailleurs et qui essaie de casser différentes barrières entre les personnes accueillies et les personnes qui accueillent. Barrières sociales, culturelles, économiques. Comment elle fait ça ? Elle propose une formation gratuite à des personnes migrantes et réfugiées qui sont autorisées à travailler en France, parce que derrière cette formation, elle propose à ces personnes de devenir enseignantes de leur propre langue. Donc ce sont des enseignants de langue étrangère. »
Elle complète, très lucide sur la dimension concrète mais aussi symbolique de la démarche : « En fonction d’où ils viennent, ça peut être l’arabe, le persan, le pachto, le russe, le turc, etc., ces personnes sont rémunérées pour ce travail. C’est un travail à temps très partiel, qui est vraiment juste un complément de revenu mais le but principal c’est d'interagir avec la société d’accueil, de pratiquer le français notamment, parce que c’est important pour s’intégrer. Pour nos bénéficiaires, c’est très important de pratiquer le français aussi, et c’est un grand levier de pratique du français que d’enseigner sa propre langue à des francophones. On exige un niveau de français minimum (A2/B1). » Les enseignants ont le statut d’autoentrepreneurs – ce qui implique donc que leur situation administrative soit régularisée.
À noter que le principe de l’inversion de la posture du « sachant » entre Français et personnes immigrées n’est pas pour déplaire aux élèves, pour qui le principe de contredire les préjugés sur les « migrants » a souvent motivé leur choix de suivre des cours à Causons plutôt qu'ailleurs. Julian, l’élève du cours de russe : « Ce que j’aime bien avec Causons, c’est qu’il y a déjà des structures qui accompagnent des personnes qui arrivent en France, mais souvent dans ce rapport ''c’est nous qui les aidons'', un peu misérabiliste. Ce qui change tout, c’est que la bénéficiaire ici est aussi la professeure. Et les cours sont payants sans être chers, donc quelque part c’est un vrai engagement de ma part, et qui valorise son travail. Et c’est un vrai travail. Ce n’est pas de la charité, une démarche où tu vas donner du temps, de l’argent sans réciprocité. Tu paies, et c’est un service comme un autre. »
Idem pour Mina, Grecque de 28 ans vivant à Paris, assistante sociale de métier, et qui suit le cours d’arabe : « Moi, ça me va très bien, parce que j’ai déjà essayé d’apprendre l’arabe d’une manière plus ''officielle'' à la fac, et ce n’était pas du tout facile pour moi, parce que déjà le français c’est une langue étrangère. Apprendre une langue étrangère dans une langue étrangère, c’était vraiment très difficile. Alors qu’ici je me sens beaucoup plus à l’aise de faire des fautes, de dire que je ne comprends pas. J’ai l’impression que la relation entre élèves et professeurs est beaucoup plus directe, qu’il n’y a pas de jugement. Et je me permets aussi de partager des éléments culturels de mon côté. Par exemple la semaine dernière on a appris les jours de la semaine, et Ahmed [le professeur d’arabe] nous a dit que le nom du jour vient des chiffres. Et c’est la même chose en Grèce. C’est un moment de partage assez agréable. »
Et comme il s’agit de proposer aux professeurs un tremplin dans leur parcours d’insertion, chaque professeur enseigne pour quatre sessions (ou semestres) maximum, soit deux ans. Passé cette durée, ils peuvent être orientés vers des partenaires associatifs, institutionnels ou dans le privé (par exemple pour dispenser des cours particuliers). Surtout, ils peuvent devenir formateurs pour les futurs professeurs à l’approche Causons, ce qui contribue à valoriser leur savoir-faire pédagogique.
La démarche de l’association donne une dimension très humaine au travail que je fais. Ce qui fait que j’arrive à allier travail et valeurs personnelles. Dans mon quotidien, je rencontre et j’interagis avec des personnes qui ont les mêmes valeurs.
Le côté prise de plaisir dans le fait d’enseigner sa langue, c’est quelque chose qui profite à nos enseignants et qu’ils ne trouvent pas facilement ailleurs dans leur parcours. C’est le plaisir de faire des rencontres de personnes bienveillantes, de renouer avec leur propre culture parce qu’ils en sont loin, de faire des parallèles, voire de faire des constats sur leur propre culture et leur propre langue, tout en pratiquant le français. Ça a beaucoup de valeur, c’est très précieux.
Causons, ça tient en un mot : ce sont des rencontres. Et ça permet autant de rencontrer des gens, des vécus, que des langues. C’est ce que je viens y chercher et c’est ce que j’y trouve. Faire des rencontres, de l’apprentissage, avec de la convivialité, de l’amitié, beaucoup de partage, de rigolade également.
Pour moi, Causons est aussi un espace où l’on aborde des choses importantes avec beaucoup de légèreté, et un fort sentiment d’humanité partagé avec les gens qui font partie de l’aventure.
Des évènements culturels pour promouvoir une meilleure compréhension des réalités et une ouverture à l’Autre
Outre les cours de langue, l’association mène des activités évènementielles et des interventions auprès d’organisations publiques et privées. L’idée est de promouvoir une meilleure compréhension des réalités de l’immigration et l’ouverture vers de nouvelles cultures. Les activités culturelles régulières, qui ont lieu à Paris ou à Lyon, sont ouvertes à tous avec des animations autour de la littérature, la danse, la musique, la cuisine, etc. Nada, la coordinatrice de l’association : « À côté des cours de langue, auxquels le grand public peut s’inscrire, il y a des évènements interculturels gratuits et ouverts à tout le monde, co-organisés par nos enseignants et les bénévoles, et ils mettent en valeur une certaine culture ou un certain aspect d’une certaine culture. C’est quelque chose de convivial et de ludique. L’évènement phare, si l’on peut dire, de l’association, ce sont les causeries. Une causerie n’a pas un format hyper-rigide. C’est un évènement qui rassemble des personnes autour, par exemple, du Nouvel an iranien, de la Pâques orthodoxe, du Soudan, de la Géorgie… Ça peut être un pays comme ça peut être un thème dans un pays. C’est composé de jeux, de quizz, de musiques, de danses, de nourriture, éventuellement de cours d’initiation à la langue de la culture qui est mise en lumière. »
Les causeries ont lieu normalement tous les deux mois. L’idée est de valoriser les cultures d’origine des bénéficiaires-formateurs de l’association. Ainsi, au mois d’octobre 2021 par exemple, la causerie (qui se tenait à Lyon) mettait à l’honneur l’Afghanistan, avec des musiciens, des danses, de la nourriture du pays, etc. Le dernier évènement en date, consacré à la culture et à la vie artistique palestiniennes, s’est tenu le dimanche 23 janvier 2022 au Ground Countrol, dans le XIIème arrondissement de Paris. Son titre, « Palestine mon amour », donnait le ton : projections de documentaires, repas de mezze palestinien préparés par la cheffe Ruba Khoury, village associatif et solidaire, atelier d’initiation à l’arabe, concert de musique palestinienne, initiation au dabké (danse traditionnelle), atelier de henné, récital de poésie et de contes, etc. L’intensité des moments partagés par les personnes et organisations présentes, engagées et impliquées dans la vie culturelle palestinienne, était à la hauteur du programme très riche qui était annoncé.
Évènement « Palestine mon amour », organisé par l’association Causons au Ground Countrol, dans le XIIème arrondissement de Paris, le mois dernier. Au programme : projection d’un film en partenariat avec le Festival Ciné-Palestine, brunch palestinien, cours de danse traditionnelle (le dabké), concert, forum d'associations culturelles ou humanitaires, etc.
Le défi : promouvoir la démarche interculturelle de Causons pour attirer les élèves
Fondée il y a à peine cinq ans, et confrontée à la période compliquée du confinement et autres contraintes durant la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, le moins qu’on puisse dire est que Causons a fait du chemin. Basée à Paris, Causons mène aussi ses activités à Lyon où elle a une antenne. Depuis 2017, plus de 70 enseignants ont été formés à l’approche Causons ; et plus de 300 apprenants en ont suivi les cours. L’association compte maintenant plus de 50 bénévoles actifs ; et plus de 1 500 personnes qui ont participé aux évènements interculturels.
Pour autant, comme tout projet associatif encore frais, les défis ne manquent pas. En premier lieu, celui d’attirer des apprenants… et donc de faire connaître la démarche originale de Causons. Nada, la coordinatrice, nous explique qu’il y a essentiellement quatre profils d’élèves pour l’instant : « Il y a des élèves qui viennent d’une famille étrangère et qui veulent renouer avec leurs racines. On a des personnes qui ont un conjoint étranger et qui veulent apprendre la langue de leur conjoint. Également des personnes qui apprennent pour leur travail (qui travaillent dans une association avec des réfugiés afghans, par exemple, et qui veulent apprendre le persan, ou des gens qui vont aller travailler dans un pays arabe et qui veulent apprendre l’arabe par exemple). Enfin, il y a des personnes qui adorent voyager, qui adorent connaître différentes cultures, qui ont fait un voyage en Iran qui les a impressionnés et qui depuis veulent en savoir plus. Des curieux en gros. Et parfois certaines de ces catégories se croisent. »
Deux sessions de cours de langue ont lieu chaque année : l’une d’octobre à février, la seconde de mars à juin. Il suffit de trois élèves pour qu’un cours se mette en place, sans dépasser toutefois le nombre de dix élèves par cours. Le plein tarif est 245 euros par semestre (pour 15 cours, soit environ 16,30 euros par cours), et le tarif réduit est de 170 euros (étudiants, demandeurs d’emploi, RSA, retraités). Un autre tarif est réservé aux bénévoles, à 130 euros.
À l’image d’une autre initiative que nous avions choisi de mettre en lumière, l’association Azmari, dont les activités sont tournées vers les femmes migrantes et leurs enfants (Azmari, l'association qui œuvre à l'insertion des femmes migrantes en créant du lien social), l’objectif de Causons est multiple : changer le regard que leur porte la société, et faire connaître leur culture d’origine à travers l’outil de la langue et plus généralement l’échange interculturel. S’ajoute une dimension socioprofessionnelle qui doit participer à l’insertion des professeurs de langue. À bien considérer le travail accompli jusque-là, la structure a de beaux jours devant elle.
Causons est une initiative merveilleuse. C'est une association qui renverse les schémas classiques, qui met le partage au service de l'inclusion et de l'insertion. La pluralité des cultures et des langues, la bienveillance des enseignants et de l'équipe et les belles valeurs portées par chaque membre de Causons, font que l’environnement de travail est exceptionnel. Aujourd'hui, je suis ravie d'être chargée de communication de ce projet associatif innovant et impactant.
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