D'autres efforts sont demandés aux membres de l'Union européenne : il s’agit pour l’essentiel d’améliorer la collecte de renseignements concernant les organisations criminelles qui prospèrent sur le commerce migratoire. Le rôle d’Europol (l’agence européenne de police) serait renforcé, à commencer par sa mission Jot Mare qui vise à démanteler les réseaux. La coordination entre différentes agences européennes (dont Frontex, pour la sécurité maritime, ou encore Eurojust, pour la coopération judiciaire) est aussi à l’ordre du jour. Le but poursuivi par l’Union européenne est de mieux comprendre les réseaux de passeurs, de repérer leurs modalités d’action afin de les démanteler, de s’attaquer à leurs avoirs et de juger leurs responsables.
La « question des quotas » : les limites de la solidarité européenne
Outre le volet militaire, s'est notamment posée la « question des quotas » (là encore, le vocabulaire de nos dirigeants, repris par les médias sans questionnement critique, traduit une approche purement comptable des enjeux migratoires), c’est-à-dire de la répartition des demandeurs d'asile entre pays européens. La Commission a proposé l'instauration de quotas obligatoires visant à une certaine solidarité entre
. Ce mécanisme prendrait en compte la population, le PIB, le taux de chômage et le nombre de demandeurs d'asile accueillis depuis 2010, ou encore le nombre de réfugiés réinstallés dans chaque Il ne fonctionnerait qu’en cas « d’afflux massif » de demandeurs d’asile (notion qui reste à définir), pour des personnes dont le besoin de protection est clair.
Autre innovation représentant quant à elle un pas important dans la solidarité « Nord-Sud » : Bruxelles souhaite également que les
tats s’engagent dans des programmes de réinstallation qui permettent de transférer vers l’Europe des personnes déjà réfugiées dans des pays proches des zones de conflit. On pense par exemple au Liban qui accueille près de 1,3 million de réfugiés syriens. La Commission propose d’aider à la réinstallation de 20.000 réfugiés par an, et serait prête à engager pour cela 50 millions d’euros pour la période 2015-2016. La répartition se ferait sur la même logique des quotas, mais pour l’heure sur une base volontaire.lusieurs pays ont d'emblée exprimé leur opposition au système de quotas, en tête desquels le Royaume-Uni (par la voix de sa ministre de l'Intérieur Theresa May), rejoint par la France, l'Espagne, le Danemark, la Hongrie, la Pologne, la Tchéquie ou encore la Slovaquie. L'argument principal étant que les migrants qui tentent .
Si la base juridique utilisée par la Commission (article 78 – paragraphe 3 du traité sur le fonctionnement de l’UE) pour élaborer sa proposition implique qu’une majorité qualifiée des États membres suffit pour l’adopter, la négociation politique engagée sur cette question s’annonce toutefois ardue. Les pays qui accueillent le plus de demandeurs d’asile, ceux du Sud en première ligne, comme la Grèce et l’Italie, mais aussi l’Allemagne, se sont prononcés en faveur d’un tel système. S’il est adopté, ce qui serait un premier pas timide mais louable, il n'en reste pas moins qu'il aura fallu un système de solidarité contraignant pour que l'effort soit davantage réparti. Même s'il convient de rappeler que selon les traités, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ont la possibilité de ne pas y participer.
L'ensemble de la proposition de la Commission, quotas compris, sera soumise aux Vingt-Huit lors du sommet européen qui doit se tenir à la fin du mois. Et il est probable que cette étape constitue un test pour la cohésion européenne. Rappelons au passage que l'an dernier, 185.000 demandes d'asile ont été
Le traitement de l'immigration clandestine : le parfum nauséabond de la mauvaise foi et du racisme
Comme nous l'écrivions tantôt, certaines réalités doivent être rappelées. Par exemple que l'Europe n'est pas envahie de toute part par des vagues de migrants, comme cela nous est régulièrement dépeint par les médias et dans bien des discours politiques. En outre, que les pays africains et asiatiques assument aujourd'hui environ 80% de l'accueil des réfugiés dans le monde. Prenons le cas illustratif de la Libye : l'insurrection et la guerre civile sur lesquelles avaient débouché les manifestations du mois de février 2011 contre le régime de Mouammar Kadhafi, aurait provoqué la fuite de près d'un million de personnes entre février et juin 2011, selon le Haut-commissariat aux Réfugiés. Parmi elles, seules 18.000 ont atteint l'Europe. L'essentiel s'étant réparti entre la Tunisie (530.000) et l'
(340.000). On aurait pu croire que les révolutions du Printemps arabe bénéficiaient d'un soutien moral de l'Europe dite démocratique, y compris au sein des opinions européennes, de telle sorte que des mécanismes de solidarité auraient naturellement émergé. Mais les Européens, et avec eux leurs dirigeants, pour bon nombre d'entre eux, n'étaient pas prêts à assumer l'accueil des victimes de la répression et de la guerre. Une contribution pourtant bien maigre en aide à des mouvements historiques en faveur de la liberté, inspirés pour beaucoup de nos propres systèmes politiques. De surcroît si on la compare à l'effort d'accueil des pays voisins de la Libye, alors qu'eux-mêmes étaient déstabilisés par leurs propres processus révolutionnaires. Et encore plus si l'on rappelle que les régimes autoritaires contestés furent longtemps appuyés par les États européens, aux dépens des valeurs dont ils se réclament.Ce traitement inadapté de la question migratoire va de pair avec des moyens d'accueil
globalement insuffisants. Construire des murs et monter des barbelés, poser des caméras de surveillance dotés de détecteurs de chaleur et de mouvements, traquer des gens qui ont fui la pauvreté ou la guerre et traversé des distances inimaginables, exposés aux violences et aux abus des trafiquants, tout cela est évidemment indigne et retire toute humanité aux gens qui sont en face. D'autant que le prisme entre évidemment en jeu, comme le soulignait, de nouveau, l'écrivaine Fatou Diome dans . L'incapacité d'accueil en Sicile, à Lampeduza, aux Canaries, à Ceuta et à Melilla, si elle ne doit pas éclipser le travail souvent remarquable des sauveteurs et des autorités locales qui sollicitent l'aide des partenaires européens, doit en revanche sérieusement nous interpeler sur la volonté réelle ou non de l'Europe de gérer cette question sans attendre de nouveaux drames.De fait, ces tragédies affectent relativement peu notre agenda politique et médiatique, eu égard au nombre de morts et aux drames individuels qu’elles impliquent. L'ambiance instaurée par les discours ambiants et le traitement politique des questions migratoires est des plus exécrables. La présidence de Nicolas Sarkozy
avait été en cela exemplaire puisque, outre la mise en place d’un Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire entre 2007 et 2010, l’ancien chef de l’État avait multiplié sous son mandat les discours provocateurs : celui de Dakar sur , ou encore celui de Grenoble sur l'immigration en 2010, dont le fil conducteur était un subtil mélange d’amalgames grossiers et de propos xénophobes empruntés au Front national. Une ambiance délétère s’installait progressivement.Le point d'orgue fut atteint avec la mise en application du fameux
. Inscrit dans la loi sur l'entrée et le séjour des étrangers, il s'appliquait à toute personne interdisant ainsi à toute personne de venir en aide à un sans-papiers sur le territoire, même en lui permettant simplement de recharger son téléphone ou en lui donnant à manger. En clair, cette loi, qui concernait aussi bien les filières de passeurs que les bénévoles ou les particuliers. Cette disposition, introduite en fait dans la réglementation française par un décret-loi de 1938, avait été adoptée à l'époque dans un climat particulièrement xénophobe. Son objet n'était pas seulement de poursuivre les À l'image des lois interdisant l'aide aux esclaves en fuite dans les colonies américaines, ou aux juifs durant la Seconde Guerre mondiale, une telle mesure contribuait à la déshumanisation des personnes séjournant de façon irrégulière sur notre territoire, en instaurant de fait une forme de traque aux clandestins et en incitant à la dénonciation. Elle a été . Mais les problèmes de fond sont loin d'être réglés, et des associations continuent de se plaindre de décisions arbitraires des préfectures. .Toujours dans la même dynamique manipulatrice et politicienne, on peut donner l'exemple plus récent du gouvernement hongrois qui a annoncé le 17 juin dernier, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, la fermeture de la frontière avec la Serbie, et le début de travaux de construction d’une clôture de 4 mètres de haut sur les 175 kilomètres de frontière entre les deux pays. Une mesure qui n'aura probablement aucune efficacité sur la pression migratoire – à moins d'une frontière militarisée sur toutes les limites extérieures de l'Union européenne, avec ordre de faire feu sur les migrants, comme aux États-Unis où l'immigration clandestine venant du Mexique s'est effondrée ces dernières années. Or, dans le cas présent, la construction d'un mur sur une partie de la frontière européenne poussera simplement les migrants à emprunter une autre route. Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, il s'agit d'une action de communication assez flagrante pour rassurer son électorat.
Les vérités occultées des relations entre l'Europe et les pays d'émigration
Le traitement politico-médiatique de cette question est d'autant plus choquant que notre relative prospérité et attractivité jette ses bases sur la relation déséquilibrée que l'Europe entretient avec les pays africains et du Moyen-Orient. En effet, la richesse du continent européen repose en bonne partie sur l'exploitation ancienne, toujours d'actualité, des ressources des autres continents, Afrique, Asie et Amérique latine en tête. De l'importation d'uranium, de minerais et d'hydrocarbures aux accords commerciaux inégaux, en passant par les régimes politiques corrompus au service des anciennes métropoles et les bases militaires françaises ou britanniques encore en place, la prospérité et la puissance de l'Europe se nourrissent des richesses naturelles et des faiblesses politiques du Sud. La force de travail des migrants eux-mêmes (clandestins ou non) contribue à cette richesse, tous les jours, chez nous en Europe. Pourtant, le sentiment de redevabilité n'est pas prégnant dans le rapport de l'Europe au reste du monde. Loin de là.
En outre, il convient de rappeler qu'en raison de sa politique étrangère comme de sa politique commerciale, plusieurs pays de notre continent portent une certaine responsabilité vis-à-vis des victimes de conflits et de régimes oppresseurs. L'Europe, par ses prétentions postcoloniales, son interventionnisme diplomatique et militaire, et bon nombre de ses soutiens géopolitiques, contribue activement à alimenter les conflits qui provoquent le départ des réfugiés. On est donc dans une spirale terrible, un système qui s'auto-alimente : les interventions conduisent à des déplacements, qui terrifient les Européens tout en provoquant des crises ailleurs, qui nécessitent elles aussi d'autres interventions et amènent d'autres déplacements. Quel sens et quelle cohérence trouver à une situation dans laquelle, tout en menant des guerres déstabilisatrices en Afghanistan, en Irak et en Libye, l'Europe bâtit des murs afin d'empêcher les victimes de ces mêmes guerres de se réfugier sur son territoire ? Croire que ces murs régleront le problème est évidemment une erreur, et la preuve que celui-ci est bien pris par le mauvais bout.
L’approche de notre classe politique semble conforter l’illusion d’une Europe qui constituerait un havre de paix et de prospérité dans un monde de guerres et de misères. Alors que
Une problématique mise en avant dans la bande-dessinée Aya de Yopougon, qui raconte les anecdotes de trois jeunes filles de dix-neuf ans, Aya et ses deux amies, Adjoua et Bintou, dans un quartier chaud d'Abidjan. Dans le deuxième volume publié en septembre 2006, le personnage de Grégoire incarne ce migrant beau parleur qui, revenu de France, s'amuse à dépenser l'argent qu'il y a gagné, jouant au riche homme d'affaires dans l'unique but de prendre du bon temps et de séduire les filles. Cette question du récit du migrant et du devoir de vérité est encore peu abordée et pourtant importante en termes de représentation. Car peu sont les gens, outre-Atlantique et outre-Méditerranée, qui savent que l'Europe compte plus de pauvres que la plupart des pays d'Afrique ne comptent d'habitants, qu'on y meurt de froid et des catastrophes naturelles et météorologiques tous les ans par centaines, que des centaines de milliers de personnes y vivent dans la rue, dans la solitude ou dans la dépression. Ou encore que la crise économique et sociale pousse chaque année des dizaines de milliers d'Européens à quitter leur continent pour l'Amérique du Sud, l'Afrique ou l'Asie.
Au-delà de Frontex, c’est l’approche de l’Europe sur les questions migratoires dans leur ensemble qui est évidemment à revoir. La facilitation de l’immigration légale vers l’Europe ainsi que l’ouverture de centres européens de demande d’asile dans les pays sources permettraient par exemple d’endiguer partiellement l’industrie des passeurs. Or, l’immigration légale fait aujourd’hui l’objet de restrictions toujours plus nombreuses. Dans un contexte de crise économique et sociale, et de chômage de masse, cette politique de fermeture peut sembler tenir du bon sens, mais elle part en fait d’un postulat erroné, suivant lequel les migrants s’installeraient sans perspective de retour et demeureraient immobiles une fois installés. En réalité, dans un monde aux frontières ouvertes, les gens font souvent des allers-retours, réinvestissent dans leur pays d'origine – contribuant à leur développement – et profitent des opportunités économiques et sociales créées par la mobilité. À l’inverse, c’est justement quand les conditions d’accès sont particulièrement difficiles que les migrants, une fois arrivés à destination, osent difficilement rentrer au pays. Les restrictions, au final, ne règlent nullement les problèmes de filières illégales et ne réduisent en rien la pression migratoire. Elles créent, en revanche, du ressentiment en donnant aux pays d'accueil – France en tête – l'image de nations fermées, voire racistes et inhospitalières, quand les migrants français résidant dans les pays dits du Sud bénéficient plutôt, en revanche, de privilèges aux tonalités postcoloniales.
Au passage, il convient aussi de réviser les paradigmes qui nous amènent à traiter l’immigration comme un tout, à la fois homogène et menaçant. « Toute personne typée, avec un air d’étranger, est considéré comme immigrée, déclarait le 24 avril 2015 Fatou Diome. Toutes les personnes étrangères que l’on peut rencontrer en Europe ne sont pas forcément des immigrés. Il y a des gens qui sont, normalement, protégés par la Convention de Genève pour les réfugiés. Ces personnes-là, quand on ne les accueille pas normalement, ils viennent dans les mêmes mouvements que les immigrés économiques. Donc quelqu’un qui fuit la guerre, ce n’est pas la même chose que quelqu’un qui cherche du travail. Quelqu’un qui fuit la guerre est protégé par la Convention de Genève. [À l’époque du Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale], on a fait des réfugiés presque des coupables de droit commun, comme un voyageur qui ne respecterait pas les lois internationales pour le visa. […] Quelqu’un qui voyage librement peut respecter ces choses-là. Quelqu’un qui fuit la guerre pour survivre n’a pas le temps de respecter ces choses-là ». Il est donc important de distinguer toutes les formes de migrations et de se rappeler qu’immigré ne veut pas dire étranger, ni même réfugié. Et de se rappeler que même le terme immigré traduit des réalités extrêmement différentes. Ce changement d’approche est déterminant pour ne pas tomber dans une psychose xénophobe cautionnant une théorie du
Grand Remplacement qui relève surtout du délire nationaliste, et qui entraînerait des actes de repli, voire de violences à l’égard de la figure de l’étranger, fusse-t-il français ou non d’ailleurs. Les violences commises en janvier dernier contre des mosquées, en France, dans la foulée de l'attentat contre de Charlie Hebdo, illustrent bien l’amalgame fait autour de ces notions, auxquelles sont d'ailleurs souvent associées celles de musulmans, de Noirs et d’Arabes.– et là, se pose aussi la question de la responsabilité des propres dirigeants africains, qui n’engagent pas avec l’Europe le bras de fer nécessaire à une refonte d’accords commerciaux particulièrement déséquilibrés
La réparation morale de l’indépendance nationale ne nous aveugle pas, ne nous nourrit pas. La richesse des pays impérialistes est aussi notre richesse. Sur le plan de l’universel, cette affirmation, on s’en doute, ne veut absolument pas signifier que nous nous sentons concernés par les créations de la technique ou des arts occidentaux. Très concrètement l’Europe s’est enflée de façon démesurée de l’or et des matières premières des pays coloniaux : Amérique latine, Chine, Afrique. De tous ces continents, en face desquels l’Europe aujourd’hui dresse sa tour opulente, partent depuis des siècles en direction de cette même Europe les diamants et le pétrole, la soie et le coton, les bois et les produits exotiques. L’Europe est littéralement la création du tiers monde. Les richesses qui l’étouffent sont celles qui ont été volées aux peuples sous-développés. Les ports de la Hollande, Liverpool, les docks de Bordeaux et de Liverpool spécialisés dans la traite des nègres doivent leur renommée aux millions d’esclaves déportés. Et quand nous entendons un chef d’État européen déclarer la main sur le cœur qu’il lui faut venir en aide aux malheureux peuples sous-développés, nous ne tremblons pas de reconnaissance. Bien au contraire nous nous disons « c’est une juste réparation qui va nous être faite ». Aussi n’accepterons-nous pas que l’aide aux pays sous-développés soit un programme de « sœurs de charité ». Cette aide doit être la consécration d’une double prise de conscience, prise de conscience par les colonisés que cela leur est dû et par les puissances capitalistes qu’effectivement elles doivent payer. Que si, par inintelligence – ne parlons pas d’ingratitude –, les pays capitalistes refusaient de payer, alors la dialectique implacable de leur propre système se chargerait de les asphyxier. Les jeunes nations, c’est un fait, attirent peu les capitaux privés. De multiples raisons légitiment et expliquent cette réserve des monopoles. Dès que les capitalistes savent, et ils sont évidemment les premiers à le savoir, que leur gouvernement s’apprête à décoloniser, ils se dépêchent de retirer de la colonie la totalité de leurs capitaux. La fuite spectaculaire des capitaux est l’un des phénomènes les plus constants de la décolonisation.
[…]
En agitant le tiers monde comme une marée qui menacerait d’engloutir l’Europe, on n’arrivera pas à diviser les forces progressistes qui entendent conduire l’humanité vers le bonheur. Le tiers monde n’entend pas organiser une immense croisade de la faim contre toute l’Europe. Ce qu’il attend de ceux qui l’ont maintenu en esclavage pendant des siècles, c’est qu’ils l’aident à réhabiliter l’homme, à faire triompher l’homme partout, une fois pour toutes.
Mais il est clair que nous ne poussons pas la naïveté jusqu’à croire que cela se fera avec la coopération et la bonne volonté des gouvernements européens. Ce travail colossal qui consiste à réintroduire l’homme dans le monde, l’homme total, se fera avec l’aide décisive des masses européennes qui, il faut qu’elles le reconnaissent, se sont souvent ralliées sur les problèmes coloniaux aux positions de nos maîtres communs. Pour cela, il faudrait d’abord que les masses européennes décident de se réveiller, secouent leurs cerveaux et cessent de jouer au jeu irresponsable de la Belle au bois dormant.