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Par David Brites.

Le 20 avril dernier, les autorités comoriennes déjouaient une tentative de coup d’État. Depuis, l’enquête avance lentement. Le chef présumé des opérations, un officier congolais, aurait livré quelques secrets – lui ou, à défaut, son ordinateur et son téléphone. Il semblerait que les putschistes aient bénéficié de complicités au sein de l’appareil militaire et des milieux d’affaires comoriens, notamment pour se procurer des armes. Une partie du complot aurait même été ourdie depuis la France par des activistes africains (tchadiens ou congolais). Selon la présidence comorienne, l’objectif des commanditaires de l’opération du 20 avril était « le renversement de l’autorité élue démocratiquement, et le changement par la force du cadre institutionnel ».

Cet épisode n’est jamais que le dernier d’une longue série de troubles sécuritaires et politiques qui ont ponctué l’histoire moderne de cet archipel. Malgré son statut d’ex-colonie française, les Comores demeurent un pays largement inconnu dans l’Hexagone. Et ceci en dépit de sa proximité avec le très jeune département français de Mayotte, et alors que les Comores revendiquent toujours le territoire mahorais. Le pays a connu des bouleversements notables au cours des années 2000, qui ont consacré une stabilisation de la scène politique et du cadre institutionnel national. La tentative de coup d’État avortée en avril dernier a réveillé les vieux démons de l’instabilité. Cette dernière est l’une des sources de la dégradation de la situation économique et sociale de la nation comorienne – une dégradation qui a pour conséquence des flux d’immigration clandestine importants vers l’île de Mayotte. Retour sur l’histoire et les évolutions riches et complexes de cet archipel africain, situé à la croisée de plusieurs civilisations.

L'archipel dans son environnement régional.

Des premiers peuplements bantous à l’indépendance

Les premières traces de peuplement des Comores datent du VIème siècle après J.-C. et sont d’origine bantoue. Alors que les premiers habitants mettent en place une organisation politique et sociale proprement africaine (chefs de famille, système de chefferies dirigeante dans chaque village, etc.), l’archipel connaît au cours des siècles suivants des contacts timides avec l’île voisine de Madagascar, elle-même en cours de peuplement.

Le XVIème siècle bouleverse l'ordre établi avec l'arrivée de deux nouveaux groupes. En 1506, une flotte arabo-shirazie (du nom de la dynastie princière des Shirazis, originaire de la côte swahilie) aborde l’archipel et importe l'islam et l'alphabet arabe. Des manuscrits en arabe apparaissent et permettent de reconstituer la généalogie des clans et des sultanats, particulièrement complexe. L'archipel est également frappé au XVIème siècle par les premiers raids de pirates malgaches, qui font de leurs prisonniers des esclaves, alors même que les sociétés comoriennes sont elles-mêmes fortement esclavagistes. Les Malgaches s’installent en pays comorien (à Mwali, et surtout à Mayotte) au fil des décennies et des siècles suivants – on compte au XIXème siècle plusieurs dizaines de milliers de Malgaches vivant aux Comores, concentrés sur l’île de Mayotte.

L’installation des forces arabo-shirazies contribue dès le début du XVIème à l’introduction de la doctrine chafiite, l’une des branches de l’islam sunnite. La plus ancienne mosquée comorienne date de 1538. Toutefois, le caractère élitiste de cette religion aux Comores et le statut d’esclave attribué à une majorité de la population expliquent la diffusion relativement faible de l’islam dans l’archipel, au moins jusqu’à la fin du XIXème : l’abolition de l’esclavage et le succès des confréries motivent alors une conversion massive des Comoriens à l’islam chafiite. Parallèlement, les Comores constituent une escale majeure pour les navigateurs européens pendant plusieurs siècles, bien que la relation entre ces derniers et les souverains locaux repose généralement sur le rapport de force. Au XVIIIème siècle, Nzwani, considérée comme l’île la plus arabisée, assure sa domination sur Mwali, et ce jusqu’en 1830. À cette date, un corps de migrants malgaches investit l’île de Mwali et y établit un sultanat.

En 1841, la France force l’île de Mayotte à accepter le statut de protectorat – acquisition entérinée par Paris en 1843. L’esclavage y est aboli dès 1846. Vingt ans plus tard, en 1866, c’est au tour de l’île de Nzwani (Anjouan en français) de se plier au joug français. Enfin, le 24 juin 1886, le sultan de l’île septentrionale de Njazidja (appelée Grande Comore par les Français), la plus grande de l’archipel, doit se soumettre au protectorat français avant de s’exiler, alors même qu’il avait précédemment réussi à unifier son île grâce à l’appui de Paris. L’île de Mwali tombe tombe la même année. La colonie de « Mayotte et dépendances » entièrement contrôlée par la France, cette dernière exerce à partir de 1892 son pouvoir par la force de « résidents » obéissant aux ordres du gouverneur siégeant à Mayotte. Des colonies d’exploitation agraire s'installent. À l’époque, l’enseignement, pourtant délaissé par les instances coloniales, se fait de plus en plus en langue française au détriment de l’arabe. Dans le domaine du commerce, le swahili reste largement employé. Les années 1904 et 1908 consacrent respectivement l’unification juridique des îles comoriennes en une seule entité, et le rattachement de l’archipel à la colonie de Madagascar. Une révolte sur l’île de Njazidja, l’une des seules observées à l’époque, est réprimée en 1915.

Saïd Mohamed Cheikh, dirigeant de 1961 à 1970.

Officiellement autonome en 1946, notamment grâce à la lutte politique de nationalistes locaux comme le député Saïd Mohamed Cheikh, le protectorat des Comores se dote cette année-là d’une assemblée locale et se détache juridiquement de Madagascar, à la faveur de l’adoption du statut de Territoire d’outre-mer. Il demeure toutefois contrôlé par l’administration coloniale française. Quelques courants indépendantistes émergent dans les années 1950, et en 1958 un embryon d’organe exécutif local est formé. En 1961, chaque île obtient plus une autonomie, et Saïd Mohamed Cheikh devient chef de l’exécutif de l’archipel, tout en restant subordonné au haut-commissaire français. La montée en puissance d’une élite nationale parallèle à l’administration coloniale française permet une multiplication des investissements. Les deux premiers lycées français sont créés en 1963 et en 1970. Les premières routes bitumées apparaissent. Sous l’impulsion de Saïd Mohamed Cheikh (qui meurt en 1970), le pays connaît un certain développement économique et social. Les années 1960 consacrent l’apogée des courants intellectuels indépendantistes, présents notamment sur l’île de Njazidja (Grande Comore). Mais le changement de capitale de Mayotte à Moroni (principale localité de Njazidja) laisse les Mahorais méfiants à l’égard du reste de l’archipel.

À la faveur des accords de juin 1973, un référendum d’autodétermination est organisé le 22 décembre 1974 : 94,57% des votants comoriens approuvent l’indépendance, pour un taux de participation de 93,3% de participation. Mais les électeurs ayant voté contre sont pour l'essentiel concentrés à Mayotte. Aux facteurs culturels (une moindre influence de l’islam, une plus forte population malgache que dans les autres îles, un système matriarcal plus prégnant, etc.) s'ajoutait la crainte des Mahorais d'être marginalisés au sein d’un futur État, c'est pourquoi Mayotte est la seule des quatre îles à avoir majoritairement rejeté l’idée d’indépendance, à hauteur de 63,22% des voix. La France décide alors de maintenir son autorité sur cette seule île, ce que dénoncent les élites indépendantistes comoriennes. Les îles de Nzwani, Njazidja et Mwali ont en revanche toutes voté pour l’émancipation à plus de 99% des voix. Le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah Abderamane proclame l'indépendance de la République fédérale islamique des Comores, et en devient le premier président. Le vote mahorais sera quant à lui confirmé une seconde fois en 1976, lorsque l’île confirmera à 99,4% des voix son maintien sous giron français. Mayotte reste depuis l’objet de revendications de la fédération comorienne.

De la République fédérale islamique à l’Union des Comores : trois décennies de troubles (1975-2008)

Des débuts tourmentés et l’essai avorté du régime marxiste

Les débuts de l’indépendance comorienne sont marqués par une forte instabilité, caractérisée par une suite de régimes autoritaires entrecoupés de coups d’État. Dès août 1975, Ali Soilih, marxiste résolu, fait tomber le président Ahmed Abdallah et accède à la présidence des Comores. Il le fait avec l’accord tacite de Paris, et avec l'aide de mercenaires français, dont Bob Denard, une figure emblématique de l’ingérence étrangère privée dans l’archipel. En 1977, Ali Soilih fait approuver l'établissement d'un nouveau régime par référendum (à 56,63% des voix). L’idéologie du pouvoir favorise la lutte contre les traditions, le développement des services publics, mais aussi un autoritarisme d’État assumé. Le régime suscite très vite l’hostilité des puissances occidentales, et dès le 13 mai 1978, il est renversé par un nouveau coup d’État, là aussi appuyé par le mercenaire Bob Denard, qui rétablit Ahmed Abdallah à la tête du pays. Ali Soilih meurt dans des conditions obscures deux semaines plus tard.

Ahmed Abdallah, chef de l'État de 1978 à 1989.

L’ère d’Ahmed Abdallah (1978-1989) : une dégradation de l’État de droit

Héritage idéologique autoproclamé du leader indépendantiste Saïd Mohamed Cheikh, Ahmed Abdallah restera président plus de dix ans. Officiellement élu en octobre 1978 et réélu en septembre 1984 alors qu’il est le seul candidat à pouvoir se présenter, il établit un régime autoritaire où l’opposition n’est que tolérée. Un système de parti unique s’instaure finalement en 1982. Ahmed Abdallah s’entoure de nombreux mercenaires. Bob Denard, encore lui, encadre un groupe paramilitaire où se mêlent 600 miliciens (étrangers et comoriens). Cette force privée fait clairement concurrence à l’armée nationale régulière. Les années 1980 consacrent par ailleurs une montée de la corruption, facilitée par ce climat quasi-mafieux et par la dégradation du contexte économique et sociale. Sa présidence s'achève dans la plus grande confusion en novembre 1989. On ne sait si Ahmed Abdallah a ordonné à la garde républicaine dirigée par Bob Denard de rendre les armes, ou au contraire, comme le prétend le même Bob Denard, s'il lui a demandé de désarmer les forces militaires nationales, qu’il aurait soupçonnées de fomenter un coup d’État. Quoi qu'il en soit, une altercation dans le palais présidentiel provoque la mort, le 26 novembre, d'Ahmed Abdallah. Désigné chef de l’État par intérim, Saïd Mohamed Djohar remporte l’élection présidentielle du 11 mars 1990.

Saïd Mohamed Djohar, chef de l'État de 1989 à 1995.

Les années 1990 : troubles et sécessions

C’est avec le soutien de la France que le président Saïd Mohamed Djohar fait expulser l’ensemble des mercenaires alors présents sur l’archipel. Il n'en est pas moins renversé par le même Bob Denard en septembre 1995. Le mercenaire français est alors renvoyé en France, où il connaîtra par la suite de nombreux démêlés judiciaires et financiers ainsi que des problèmes de santé, avant de mourir en 2007 dans un certain dénuement.

Entre-temps, Mohamed Taki Abdulkarim, candidat malheureux du scrutin de mars 1990, remporte l’élection présidentielle de 1996. Son mandat est marqué par un recul des libertés individuelles (interdiction de l’alcool et des mini-jupes, par exemple), par une volonté d’arabisation (au détriment du français) et d’islamisation du pays, ainsi que par des pénuries de biens de première nécessité.

La tension politique est accentuée par la situation économique et sociale. Les habitants de l’île de Mwali (Mohéli) réclament depuis plusieurs années leur rattachement à la France. Ceux de Nzwani (Anjouan) rejoignent finalement cette revendication. Mais, devant le refus de Paris, les deux îles proclament leur sécession de la fédération des Comores (c’est-à-dire en fait de l’île de Njazidja, ou Grande Comore, où se trouve la capitale fédérale). Un blocus soutenu par les autres nations africaines est mis en place contre les deux îles dissidentes, y provoquant une grave crise humanitaire. Les autochtones demandent à la France une annexion, encore refusée – en France, seule l’extrême-droite se prononce pour le rattachement des deux îles à la République. Finalement, alors que seule l’île de Mwali accepte, en 1998, de revenir sous l’autorité de la République fédérale islamique des Comores (après négociations), le président Mohammed Taki Abdulkarim meurt dans des conditions un nouvelle fois confuses, en novembre de la même année. Aucune élection ne peut avoir lieu, puisque l’une des trois îles (Nzwani) refuse d’y participer. Un triumvirat dirige alors l’île dissidente de Nzwani : il est composé d’Abdallah Ibrahim, de Saïd Abeid Abdérémane et du colonel Mohamed Bacar. Le premier se retirant en 1999, et le second étant écarté du pouvoir en 2001, c’est finalement le troisième, véritable maître de l'île, qui entame en 2000-2001 un âpre processus de négociations avec le nouvel homme fort de la fédération, le colonel Azali Assoumani, qui a pris la tête de l’État comorien à la faveur d’un putsch contre le président par intérim en février 1999.

Les Comores, terre d'instabilité et carrefour de civilisations

Les débuts chaotiques de la nouvelle République

Le 23 décembre 2001, un référendum permet l’adoption, dans les trois îles de l’archipel comorien, d’une nouvelle Loi fondamentale. Conformément aux accords de Fomboni, durement négociés, les trois territoires insulaires constituent désormais une nouvelle entité, l’Union des Comores, où chacun d’entre eux possède une autonomie importante. En 2002, les premières élections générales permettent au colonel Azali Assoumani, avec 75% des voix, de se maintenir à la présidence de la fédération. Quatre ans plus tard, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, théologien sunnite et entrepreneur industriel originaire de l’île de Nzwani (Anjouan), est élu avec 58% des voix et accède à la présidence fédérale en mai 2006.

Les relations laborieuses entre l’île de Nzwani et l’État central survivent au référendum de 2001, et conduisent à la crise de 2007-2008. Élu une première fois en 2002 à la tête de Nzwani, Mohamed Bacar est réélu en 2007, à l'occasion d'un scrutin rejeté par la fédération comorienne, qui ne le prévoyait qu'en 2008. Le président contesté de l’île dissidente se refusant à quitter le pouvoir, l'État central intervient militairement. L’armée comorienne, appuyée par l’Union africaine, lance l'assaut sur Nzwani le 25 mars 2008. L’île se soumet le jour même, presque sans effusion de sang, et le colonel Mohamed Bacar s’enfuit à Mayotte pour demander l’accueil de la France – il s'exilera finalement au Bénin.

Depuis cette date, l’État de droit est restauré sur l’ensemble des trois îles de l’archipel. Le 22 mai 2009, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi organise un référendum qui octroie 93,8% des voix (52,7% de participation) en faveur d’une réforme de l’État : entre autres changements, les pouvoirs de la présidence fédérale sont renforcés au détriment de ceux des îles. Vice-président de 2006 à 2011, Ikililou Dhoinine (originaire de Mwali), élu en décembre 2010, est devenu président de l’Union des Comores en mai 2011.

Après trente ans de troubles, dans quel état se trouve l’Union des Comores ?

L'archipel des Comores est actuellement peuplé de 750.000 habitants.

- Nzwani (Anjouan), avec 300.000 habitants, se situe au sud-est de l’archipel ;

- Mwali (Mohéli), avec 80.000 habitants, est la plus petite des trois îles, et se trouve au sud-ouest de l’archipel ;

- Njazidja (Grande Comore), avec 370.000 habitants, est la plus grande île, au nord-ouest, et on y trouve la capitale fédérale Moroni.

Chaque île, dotée d'une autonomie et dirigée par un Gouverneur et un Conseil, est divisée en plusieurs préfectures (dont le nombre varie de 3 à 8), elles-mêmes subdivisées en communes. Une présidence tournante a été mise en place : en effet, selon la Constitution de 2001, l’île d’origine du président change tous les quatre ans – ce qui suppose qu’à chaque élection présidentielle, tous les candidats soient originaires de la même île. L’avantage de ce système est au moins d’imposer une alternance à la tête de l’État, puisqu’aucune île ne peut être représentée à la présidence de la République plus d’un mandat de quatre ans.

Ikililou Dhoinine, chef de l'État depuis 2011.

En dépit du référendum de mai 2009, les prérogatives de la présidence fédérale demeurent essentiellement la défense et les affaires extérieures. Les îles possèdent une forte autonomie économique, fiscale et judiciaire, ainsi que dans la gestion du système de santé. L’archipel est dans une situation sociale difficile. Les pénuries d’eau, d’électricité, d’essence et parfois même de produits alimentaires restent chroniques. La plus grande partie de la population est rurale et vit de cultures vivrières ou de la pêche. Les îles exportent de la vanille, du girofle, etc. mais ne sont pas autosuffisantes sur le plan alimentaire. Le tourisme n’opère pas son rôle de levier en faveur de l’emploi, et les infrastructures et les services publics restent largement sous-développés. Deux éléments permettent à l’archipel de souffler : d’une part, dans les campagnes, une meilleure organisation pour gérer les pénuries alimentaires et soutenir les prix des produits locaux, et d’autre part un transfert de fonds notable issu de l’importante diaspora comorienne. Difficile à estimer, cette dernière pourrait dépasser les 600.000 personnes, concentrées à la Réunion, en France métropolitaine et sur l’île de Mayotte. Sur cette dernière, les immigrés comoriens entrent le plus souvent illégalement, sur de petites embarcations, les kwassa-kwassa – on compte 100 à 200 morts naufragés chaque année.

Sur la scène extérieure, en dépit des liens très forts qui continuent de lier l’archipel comorien à la France, ancienne puissance coloniale (le franc comorien reste rattaché à l’euro), l’État fédéral structure sa politique autour de deux axes majeurs :

  • La revendication plus ou moins légitime de trois territoires voisins : l’île de Mayotte (Maore en comorien) au sud-est de l’ensemble comorien ; les îles Glorieuses (archipel inhabité qui appartient lui-aussi à la France) ; et le banc du Geyser (récif corallien).
  • L’appartenance revendiquée à l’ensemble civilisationnel arabo-musulman, incarné par la présidence d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi de 2006 à 2011, qui, en bon théologien rigoriste, prônait une application plus rigoureuse des préceptes de l’islam dans la société comorienne.

Le 2 juillet 2000, l’île de Mayotte approuvait à 72,94% des voix le statut de « collectivité d’outre-mer » française (devenu effectif le 1er avril 2004), qui a servi en fait de régime de transition avant un approfondissement des relations avec la France. Le 29 mars 2009, à nouveau consultés, les Mahorais ont approuvé à 95,24% des voix (61,37% de participation) le statut de « département d’outre-mer ». La départementalisation est officielle depuis le 31 mars 2011 – à cette date, les élus de l’assemblée mahoraise ont cumulé les prérogatives de conseillers de Région et de Département français. L’adoption de ce statut par Mayotte s'y traduit désormais par un abandon progressif des pratiques héritées de la tradition précoloniale (polygamie, mariages négociés, etc.). Sur le plan des coutumes, l'île a donc vocation à s'éloigner des Comores.

Après avoir changé plusieurs fois de visage au fil des décennies, le drapeau comorien a pris son visuel actuel en 2001. Les quatre étoiles et les quatre bandes représentent les îles de l’archipel, avec leurs couleurs, inspirées de leurs emblèmes respectifs (à droite) : jaune pour Mwali, bleu pour Nzwani et rouge pour Njazidja. Le vert et le croissant blanc sont les symboles de l’islam, religion officielle de l’archipel. Enfin, la bande blanche demeure sans couleur, dans l’attente d’un retour de Mayotte ("Maore" en comorien) dans la fédération comorienne.

Après avoir changé plusieurs fois de visage au fil des décennies, le drapeau comorien a pris son visuel actuel en 2001. Les quatre étoiles et les quatre bandes représentent les îles de l’archipel, avec leurs couleurs, inspirées de leurs emblèmes respectifs (à droite) : jaune pour Mwali, bleu pour Nzwani et rouge pour Njazidja. Le vert et le croissant blanc sont les symboles de l’islam, religion officielle de l’archipel. Enfin, la bande blanche demeure sans couleur, dans l’attente d’un retour de Mayotte ("Maore" en comorien) dans la fédération comorienne.

La fédération a adhéré à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) dès 1976, puis à la Ligue arabe en 1993, en dépit de la réticence de certains membres émettant un doute sur la dimension arabophone de la culture comorienne. Elle l'a fait au nom des liens lointains entre les Arabes de la région des Golfes et les peuples de l’océan Indien (notamment les peuples swahélis de l’est de l’Afrique).

Les sociétés comoriennes présentent un visage cosmopolite, un brassage de cultures indiennes, perses et surtout arabes et est-africaines. L’islam sunnite est la religion dominante, mais sur ces îles vivent également de très petites communautés d’indiens chiites qui ont une grande influence du fait de leur rôle déterminant dans le commerce. Une minorité catholique y subsiste également. Si l’archipel des Comores présente un capital culturel exceptionnel qui en fait un laboratoire passionnant, il ne pourra se constituer une aura significative à l’échelle régionale qu’en résolvant le défi majeur posé à la société comorienne : la question sociale. Le pays préserve l’image d’un enfer humanitaire duquel des milliers de Comoriens semblent vouloir fuir.

Tag(s) : #International, #Histoire
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